lundi 22 novembre 2010

Résonance (suite)

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Les pieds se frôlent et se frottent, et se perdent dans l’herbe perlée. Les oiseaux croisent leurs becs, ils s’embrassent et se disent, et impriment dans le ciel leur envol si grand, leur envol si sûr, leur envol si pur… Ils crient et chantent, et lissent leurs ailes dans l’air vif du ciel… Ils plongent en sifflant dans l’eau noire de l’étang… ils s’ébrouent, claquent du bec et glissent gracieusement sur l’eau moirée qui danse.

Là-bas passent les hommes à la peau cuivrée, aux visages burinés, aux torses gonflés… ils sont grands, forts et beaux, et montent fièrement de grands chevaux d’argent. Leurs voix déchirent le ciel qui s’ouvre sur l’étang et déverse en éclats de grands oiseaux tout blanc. De grands oiseaux d’un soir venus du fond des âges, qui parlent de merveilles, et leur content des légendes au creux de leur oreille.

L’été est tout au temps, et le temps aux oiseaux, aux fleurs sur les branches, et aux cœurs sur la rampe.

Le silence s’installe, le silence est parfait dans l’herbe des soirs de jade où l’on coupe la rosée avec une lame nacrée. Les oiseaux marchent sur l’ombre, les grands oiseaux des sables revenus par les dunes avec leurs ailes blondes. Ils glissent sur les branches, ils roulent sur les vagues, et enroulent leurs becs au cœur des grands secrets.

Le ciel est en partance, le ciel est de rosée, le ciel est couleur d’encre et de points d’eau fumée.

Ils sont là, sur la tranche et regardent la vie, ils sont là et attendent le réveil des aïeux. Ils ferment leurs yeux d’agate et se tournent vers le ciel qu’ils lèchent de la main, ils en boivent une gorgée… bleue comme leur enfance, de ce bleu qui contait leurs rêves en silence.

Ils sont là quelque part, sur la terre, dans la fragilité du monde, et se rient du mensonge.


20 - 21 novembre 2010



(Aquarelle : " Dans la brume hésitante des matins de septembre " / Georges Kulik : ici)

9 commentaires:

gmc a dit…

GOUTTE D'ENCRE JASMIN ET FUCHSIA

Dans l'écume et ses perles
L'argent donnent aux chevaux
La silhouette effrontée
De naïades dévergondées
Aux charmes bienfaisants
Comme l'eau d'une source
Ou d'une fontaine pimpante
Parfumée à l'essence de gingembre
Aux épices étourdissantes
Ouà l'extrait d'hydromel

gmc a dit…

donne*

camille a dit…

Que faisons-nous de nos vestiges de lectures ? où nous transportent-ils dans notre acte créateur ? Métamorphoses, transformations, relectures, revisites certes, mais c'est toujours toujours une rencontre poétique.
Voila, ce que m'inspire ici le mot "résonance".

merci chère Maria-D pour votre chemin de poésie.

Camille

Bruno a dit…

Dans le souvenir des âmes le songes résonnent en pastoral du temps ...

maria-d a dit…

@ mgc ... heureux retour... merci

Aux épices des naïades
L'écume charme la source
Silhouette bienfaisante
Aux parfums de gingembre



@ Camille ... une inspiration, une expiration, une respiration, un souffle de l'âme et une création...

merci



@ Bruno... dans le souvenir des âmes il reste la quintessence de l'être... merci Bruno, belles pensées vers toi

Gérard Méry a dit…

tes oiseaux ne battent pas de l'aile

maria-d a dit…

Non Gérard, ils battent des ailes ... ;-))

colette a dit…

tant de résonances dans la résonance de tes mots qui "s'ébrouent" loin , beau et (r)appellent d'autres écritures

maria-d a dit…

Tout est résonance chère Colette. Tout.

merci