dimanche 30 juin 2013

Je m'en vais







               Je m’en vais 
                            à présent 
               pour où ?
               vers où ?
                            comment ?


               je m’en vais pleurer 
               les heures
               je m'en vais rire
               les pleurs

               l’abeille dans le cœur 
               transparence des ans 
               ténacité 
               amour 
               d’antan 

               l’alouette traverse mon âme 
               enfant je suis sur le chemin 
               rouge ma lèvre 
               grain de sel couleur mangue
               sur la langue 
               un parfum

               pliure de la page 
               mes mots sont un adieu 
               un poème en fleur 
               une offrande 
               à ceux
               qui 
               ont foulé ces pages 





à vous : merci
et belle vie


(Peinture : maria-d)

vendredi 28 juin 2013

Spectrale présence de l’ombre






Cœur de braise, vol ancien, signe de nuit, feuille verte à la chair vive. On gratte, on coupe, on tranche le néant, le courant, sans peur et sans bruit. 

La cloche bruite au cœur du jour, la nuit s’enfuit dans l’escalier, à cœur rompu, à cœur soufflé… à cœur serré. Le bleu s’agite et pousse un cri. 

Il est caché, joyau unique, sous le baiser d’un rêve pressé. La vie se tend, le cœur en croix, l’âme éblouie. Il rayonne. 

Il colore le visage du monde, la peau des peuples, l’œil de la fleur. La déchirure brutale du couchant lui noue le cou ...


... spectrale présence de l’ombre.






(Photo : Patrick Lucas)

mercredi 26 juin 2013

Invictus



  





Dans les ténèbres qui m’enserrent, 
Noires comme un puits où l’on se noie, 
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient, 
Pour mon âme invincible et fière, 

Dans de cruelles circonstances, 
Je n’ai ni gémi ni pleuré, 
Meurtri par cette existence, 
Je suis debout bien que blessé, 

 En ce lieu de colère et de pleurs, 
Se profile l’ombre de la mort, 
Et je ne sais ce que me réserve le sort, 
Mais je suis et je resterai sans peur, 

Aussi étroit soit le chemin, 
Nombreux les châtiments infâmes, 
Je suis le maître de mon destin, 
Je suis le capitaine de mon âme.
 

Invictus / William Ernest Henley 


*





" A good head and a good heart are always a formidable combinaison "

                                                                                N. Mandela




Qu'on vous laisse enfin partir en PAIX cher Madiba
votre image et votre pensée me suivent depuis ma plus tendre enfance
merci pour votre engagement, votre intégrité, votre fidélité, votre humanité et votre force ... merci
oui, qu'on vous laisse enfin partir en PAIX cher Madiba
Je vous aime...


mardi 25 juin 2013

Résonance à "Coup de dés, coup de dés, résonance inconnue."







La pensée s’est noyée, elle s’est tachée d’ombre. L’oiseau est en fuite, son aile recouvre le monde, les pluies sont incessantes. La mer est douce, l’orage l’effleure… amant de l’âme, il revient à la vie, il lutte et se perd, son œil s’est fait lourd, il s’est brisé sur l’onde. 

Il se retire, et frise l’air, un baiser sur le cil, une étoile se désagrège, il avait cru à de l’amour. Sa peau se décolle, se plisse, s’émiette dans l’orage. La nuit s’arrête, avale le monde, se racle la gorge. Le doute est immense, il se lève et tord le cou des feuilles. 

Une image, les rouleaux l’apaisent, l’écume lèche sa fièvre, sa tête s’absente et roule sous la pierre. Main tendue, il devine le chemin. Un nuage est passé, il était gonflé d’air. Un ballon, un ballon rouge perdu dans le ciel. L’enfant le regarde, l’enfant le saisit et troue l’instant. 

Naufrage. De longs doigts de vent giflent les vagues, percent le cœur de l’enfant insistant. Les amants sont tristes, ils pleurent sur la rive et se bercent d’illusions. Des fantômes à grandes bouches mordent le ciel. Ils dépècent les songes et ouvrent grand le crâne des illusions. Hurlements et remous, la lutte n’est plus un jeu, la lutte est sauvage, solitaire et rugueuse. Elle épuise les forces de celui qui s’accroche. 

La pente est ardue, la porte s’est refermée et la clé s’est perdue. Promesses, désillusions, ils souffrent le martyr, ils ont peur, ils ont mal. Le temps remonte le temps, il fait machine arrière et se perd, il s’égare et chiffonne les heures. Tout est délavé, le ciel est transparent, de l’autre côté le vide, une fenêtre sans vitres, une absence est passée. 

Les enfants se réveillent, ils sont sans voix et roulent entre leurs doigts des petites perles de verre, pierres lumineuses venues les réveiller. Leurs yeux sont des étoiles poudrées d’or et d’argent. Ils rutilent, écartent l’ombre, retirent le voile qui recouvrait le monde. Les nuages se libèrent, ils fuient à l’autre bout du ciel. 

L’oiseau lisse ses plumes, l’écume caresse la plage, au cœur du galet une fleur s’est posée, elle est rose au pistil d’amande, son jus est aigre-doux. Cœur de verre lustré, frotté et essoufflé.  .

Là-bas grondent les vagues, ici la mer laisse son empreinte, des ravines de sable, de coquilles et de sel, filets d’algues. À sa gorge une arête, un mot s’est accroché et lui écorche la voix. Son cœur se pelotonne. 

La vie s’en va, les oiseaux glissent et tournent dans le ciel, ballet de plumes et d’ailes. Poussière. 

Il chancelle et se perd, il trébuche dans un cri, gorge pleine, salive claire sur le bord des lèvres, un fil de nacre se pend au soleil, la mort est lumière. Le ciel s’ouvre, le temps s’y glisse, l’âme le suit. 

Le vent du nord joue de ses cordes vocales et embrase l’horizon, au plus loin, interminable est le temps. 

La pendule s’essouffle, jour après jour, nuit après nuit, sans lumière, sans sommeil, incroyable oraison pour de nouvelles semailles. 

Les dés sont jetés, l’appel est vain, survient le doute, prépare la veille, travaille encore avant la fin, au dernier souffle béni, serti d’étoiles, cette vie pleine tu l’as enrichie de ton humus.






(Photos : Patrick Lucas ... ici
je lui dis merci )

samedi 22 juin 2013

Miettes de poésie







               Miettes de poésie sous les  cils du vent
               là-bas le regard se raccroche à la dune 
               pelure des fleurs griffée à la gorge

               le silence se replie sous la toile 
               comme l’oiseau le soir au bord du ciel 
               nuage d’écume à l’aile recourbée   pliée

               l’instant présent bascule dans la nuit 
               il perd pied au profond de la terre nue 
               le cœur saigne et se perle dans l’hiver 

               poésie des grands champs sous la neige 
               l’œil retrouvé se glisse et fend l’âme 
               la vie absorbe l’onde en sa solitude 

               pureté de l’air 
               pâle visage aux lèvres vermeilles 
               baiser du ciel





(Peinture : maria-d)

jeudi 20 juin 2013

L'âme des marins







               J’écoute le vent 
               il rapièce les nuages 
               draps de ciel et de brume 
               une envolée de plumes 

               La tête entre les mains 
               je souffle sur les braises 
               les heures s’affolent et hurlent 
               comme des fauves pris au piège 

               Là-bas sur les vagues 
               pleure l’âme des marins 
               sanglots de lames fuselées 
               doigts tranchés   eau verte




(Peinture : Oliver Debré)

mardi 18 juin 2013

Écrire




Écrire. Pourquoi ? Comment ? Écrire le temps, et l’or, l’argent, la pierre qui dure longtemps. Écrire le grand trou noir, la peur du blanc, cette inquiétude indélébile. Les mots absents, le grand silence qui serre la gorge, cette ankylose de la main. 

La nuit venue, les mots se posent, les phrases rient, le texte explose. Rivière d’encre et de scories, le sang afflue, les tempes battent, le cœur cogne, frappe et inscrit la vie, la suie et le sourire d’un mot, petit. 

La page se griffe, papier rouillé, papier souillé, papier défait, immaculé vierge de tout propos. Écrire sans hésiter, dire et se livrer sur le papier, se prosterner, et se poser, se reposer. Sous l’arbre à palabre écrire le mot, là, dans la racine, au cœur du tronc, le feu, l’amour, la couleur, le frimas, la goutte d’eau et la lumière... perle d’aurore au coin des yeux. 

Écrire l’instant, et le présent, la vie qui bat, l’homme et la femme et puis l’enfant. Rideaux de pluie, tentures d’amour et de soleil... la page gonfle et se soulève. La main s’agite, griffe et hésite, raye et revient sur le chemin. Caresse d’encre, rêves tâchés et enlacés, tout coule enfin, le pied, la main et le chagrin, la joie se meurt, poitrine ouverte, le sang est d’encre    ... hémorragie ...

... et grand silence.




(Peinture : maria-d)

dimanche 16 juin 2013

Je suis une étrangère


" Elle regardait ainsi à travers la vitre 
la vieille dame d'en face montant à l'étage "
Virginia Woolf






Je suis une étrangère en ce monde 
je vis depuis longtemps par delà l'autre rive 
à l’écart des histoires   des rumeurs   des missiles
en une contrée de lin   de coton   de papier aux parfums cannabis 
de couleurs et pigments            et essences d’agrumes

Je suis une étrangère en ce monde
à l'écoute des heures   des secondes 
sur le fleuve je vais où l'eau veut m'emporter ...
 
"Ne crains plus dit le cœur. Ne crains plus, dit le cœur, confiant son fardeau à quelque océan, qui soupire, prenant à son compte tous les chagrins du monde"(*)






 (*) Virginia Woolf
(Encre : maria-d)

vendredi 14 juin 2013

Il y a dans l’œil







               Il y a dans l’œil une couleur 
               un assemblage de formes non dites 
               il y a une énigme    poussière de mots 
               une muraille venue du ciel – orage 

               Il y a sur la mer un envol bleu 
               une douce résonance aux couleurs d’été 
               un océan de phrases enlacé à la vague 
               une voix qui se noie - les peurs ancestrales

               Il y a la poésie venue avant la mort 
               silencieuse et tardive à l’œil ensorcelé 
               il y a cette arête à la gorge du mot 
               cette rime de hasard qui nous griffe la voix 




(Peinture : L'œil du temps / Salvador Dali)

mercredi 12 juin 2013

Frisson d'argile






               Ici 
               frissonne l’argile 
               écoulement

               Nourriture 
               de sable et d’eau 
               pierre - terre

               L’âme s’infiltre – couleur 
               du ciel 

               Douce confiance 
               souvenance 

               Désir de victoire 
               quand le cœur s’embrase 
               s’énamoure 

               Ivresse de l’âge 
               pages des larmes offertes 

               La langue se replie 
               dans le creux du visage 

               Rivière de cailloux 
               le cœur se tranche et boit le fleuve 
               amour 




(Peinture : maria-d)

lundi 10 juin 2013

Là-bas







               Là-bas   au bord du ciel pleure un ange 
               ici   enracinés les murmures de la terre 
vivre sur l’heure – chaque seconde 

               Roses écloses   alliance secrète au cœur de la terre
               je suis le pétale    la griffure de l’épine 
               la douceur du vent sur sa peau mandarine




(Peinture : Olivier Debré)

samedi 8 juin 2013

La valse lente







Une fine pellicule de givre sur l’œil, comme un voile de consonnes et voyelles brisées, les mots se clivent. Tussore de laine et de fibres mêlées, paroles tombées dans le sablier. Silence des solives, la musique est intime. Les pensées se compriment et s’inscrivent dans le lit, la bouche salée. Envoûtante raison, balbutiement de la source au creux des ravines. 

Grains de sable et de sel sur la langue oubliés, le mot se griffe et s’enclave. La gorge brûle, feu des jours à l’odeur de souffre. Rivières scélérates à l’envers, à l’endroit, bouches ouvertes et mots fanés. La parole se déroule et glisse dans le cou, quintessence de la chair. 

Symphonie de lumière, de sons et de pétales, couture de la rime piquée au point de croix. Danse des lutines et fleurs des bois. Sortilèges revenus de nos livres d’enfance. Mots fleuris, images serties de pierres rouges et or. 

J’ouvre mes oreilles et j’entends leurs voix de cigale, leurs ailes souples, frottement du mystère et perle de culture, j’ouvre l’œil et je vois la brisure, la vague qui ruisselle sur la page gorgée d’encre et du sang des étoiles. Prières et songeries au coin d’un ciel bleu nuit. Je pose le point et la virgule au cœur de la phrase, une danse sans ligne au rythme de la vague. Morceaux de mots et de lettres et de phrases aux corps qui se touchent, aux bras qui se referment, aux doigts de perles vierges. 

La valse lente s’épuise et roule sur le sol, un mot au bord des lèvres, un mot qui se souvient, une auréole créole, une main au creux des reins, un refrain, un leitmotiv d’hier qui se glisse dans mes mains. L’or du temps. Sur le papier de sable il se pose, s’endort, sa bouche sur ma main.





(Peinture : Jean-Gilles Badaire)

vendredi 7 juin 2013

Mon humble hommage





Clément :

qui fait preuve de clémence ... d'indulgence


jeudi 6 juin 2013

Or du ciel







Or du ciel l’éphéméride s’effeuille et boit le temps
 cobalt les striures qui tombent en pleurant  un vent 
aux  doigts acerbes balaye  l’herbe  assoiffée  d’or
creux d’ocre et de boue   la terre dort sous le ciel

L’œil se plisse  mystère silencieux de l’âme dilatée
la lune sue et creuse la voie lactée        l’envers
du rire   gorge pleine et déferlante des vagues nues
le cœur dans l’antre     racine mienne de l’œil pâle





(Peinture : Un ange dans la soupe / Yahne Le Toumelin)

mardi 4 juin 2013

Le sucre né







J’ai peu de choses à dire 
un grain de terre sous la langue 
lumière des étoiles 
ciel 
linceul d’ocre et d’or 

je bois l’herbe verte 
et mange les oreilles de la rosée 
sous l’ongle du serment 
disque blanc 
eucharistie 

dans ma bouche 
le sucré 
du fruit mûr 
la quintessence 
et l’onguent 
de ma naissance




(Peinture : maria-d)

dimanche 2 juin 2013

Taire la poésie







               Taire la poésie 
               ne point la dire et la mâcher 
               jusqu’au poème 
               dans le fond de la rime 
               et la forme du mot 

               Être de glaise 
               sculpté   patiné   filé 
               écrire en musique 
               singulière rencontre 
               dans l’essence de la phrase 

               Vol d’oiseau sur le bord des cils 
               danse en spirale 
               du cœur en sursauts




 (Encre : maria-d)