vendredi 26 août 2011

Ecrire de la poésie pour ... réagir

"La poésie, c'est ce qui éclaire le monde"

Paul Eluard



Dans un monde totalitaire et de répression, la poésie peut avoir un rôle de délivrance. La poésie est faite pour combattre l’autoritarisme omniprésent et sournois. La poésie a mission de résistance, et grand nombre de devoirs. Son premier devoir est d'alerter, d’éveiller les consciences.


La poésie nous conduit vers la spiritualité. Elle nous aide à façonner un autre monde. Un monde d’amour et de beauté, de liberté et fraternité.
Elle permet de s’ouvrir aux autres et avoir libre choix face aux déclarations politiques et religieuses, lesquelles sont de plus en plus individualistes, égocentriques, fondamentalistes.

Cependant, la voie essentielle de la Poésie n’est-elle pas celle de la création, de l’harmonie, de la musicalité des mots ? Elle adjoint aux mots du quotidien des substances inattendues qui les revisitent, les remodèlent, les épurent, les lavent et les libèrent de leur utilisation ordinaire et traditionnelle. Elle aide l’homme à sublimer le monde dans lequel il est enfermé, elle lui permet de lire à l’intérieur de ce qui fait la vie, de lire ce qui est en dedans de lui, de métamorphoser le quotidien.

La poésie nomme, exprime l’âme des choses, elle leur donne vie. La poésie, c’est faire être, et l’être c’est celui qui fait être, c’est celui qui crée, l’homme créateur qui se réconcilie avec lui-même : cœur , corps, esprit.
Cette chose invisible et indicible qui lui donne le souffle de vie.

La poésie fait devenir notre verbiage. La poésie, c’est œuvrer dans le multiple de l'imaginaire, de la consonance, de la résonance et de l’esprit. Elle est une fenêtre ouverte sur le monde des vivants. Les poètes nous entraînent sur des sentiers buissonniers qui déjouent les récifs de l’intransigeance.



__________La poésie est ignorée des vaniteux
__________La poésie est loin de l’appât du gain
__________La poésie est étrangère au fanatisme
__________La poésie est méconnue de la suffisance
__________La poésie est à mille lieues de la notoriété
__________La poésie est incomprise de l’absolutisme
__________La poésie est interdite dans les dictatures


Mais ...

La Poésie est universelle, et reste éternellement vivante pour que toujours survive l’Homme LIBRE.



pour Michel de Franquevaux


(Peinture et collage : maria-d)

13 commentaires:

O a dit…

Commune présence


Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.


Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.


René Char (Le Marteau sans maître, 1934)



et pour
"Un monde d'amour et beauté".
je glisse à votre oreille qui se prête, ce proverbe persan :
"Si tu me donnes deux pains, j'en vendrai un pour acheter des jacinthes pour nourrir mon âme"


merci pour les jacinthes offertes

jeanne a dit…

la poésie
pour moi à aussi mission de révolte
et alors les mots ne suffisent plus...

amitiés

jjd a dit…

LE FOIN DES NOUVELLES (et la poésie)



Dans les histoires que vous racontent vos journaux, vos radios, vos télévisions, la poésie est absente; pas le moindre poème, même, à la limite, à la marge, à l'écart, dans ce pan d'imaginaire-réalité réduit au silence où se côtoient d'autres domaines et sujets oubliés : à chacun ses listes, ses regains, ses joyeuses résistances, hors du foin que ces messieurs dames déversent chaque jour dans le râtelier des bêtes soumises à leur servitude involontaire...

J♥♥♥ a dit…

A Buchenwald, Semprún dit Baudelaire, Valéry, Rimbaud, c’est un passage d’ "Une saison en enfer" qui retarde la mort d’un jeune "musulman" : "C’est lui qui avait poursuivi la récitation. Sa voix avait perdu le croassement métallique, la résonance ventriloque qu’elle avait eu le jour où je l’avais entendu prononcer deux mots. D’une traite, d’un seul souffle, comme s’il avait retrouvé à la fois sa voix et sa mémoire, son être soi-même, il avait récité la suite (...) Il riait aux larmes : la conversation devenait possible." (extrait de "Le Mort qu'il faut" )

michel, à franquevaux. a dit…

LA POESÍA ES UN ARMA CARGADA DE FUTURO

Cuando ya nada se espera personalmente exaltante,
mas se palpita y se sigue más acá de la conciencia,
fieramente existiendo, ciegamente afirmado,
como un pulso que golpea las tinieblas,

cuando se miran de frente
los vertiginosos ojos claros de la muerte,
se dicen las verdades:
las bárbaras, terribles,
amorosas crueldades.

Se dicen los poemas
que ensanchan los pulmones de cuantos, asfixiados,
piden ser, piden ritmo,
piden ley para aquello que sienten excesivo.

Con la velocidad del instinto,
con el rayo del prodigio,
como mágica evidencia,
lo real se nos convierte
en lo idéntico a sí mismo.

Poesía para el pobre, poesía necesaria
como el pan de cada día,
como el aire que exigimos trece veces por minuto,
para ser y en tanto somos dar un sí que glorifica.

Porque vivimos a golpes, porque apenas si nos dejan decir que somos quien somos,
nuestros cantares no pueden ser sin pecado un adorno.
Estamos tocando el fondo.

Maldigo la poesía concebida como un lujo
cultural por los neutrales que,
lavándose las manos, se desentienden y evaden.
Maldigo la poesía de quien no toma partido hasta mancharse.

Hago mías las faltas. Siento en mí a cuantos sufren y canto respirando.
Canto, y canto, y cantando más allá de mis penas
personales, me ensancho.

Quisiera daros vida, provocar nuevos actos,
y calculo por eso con técnica qué puedo.
Me siento un ingeniero del verso y un obrero
que trabaja con otros a España en sus aceros.

Tal es mi poesía: poesía-herramienta
a la vez que latido de lo unánime y ciego.
Tal es, arma cargada de futuro expansivo
con que te apunto al pecho.

No es una poesía gota a gota pensada.
No es un bello producto. No es un fruto perfecto.
Es algo como el aire que todos respiramos
y es el canto que espacia cuanto dentro llevamos.

Son palabras que todos repetimos sintiendo
como nuestras, y vuelan. Son más que lo mentado.
Son lo más necesario: lo que no tiene nombre.
Son gritos en el cielo, y en la tierra son
actos.

Gabriel Celaya

michel, à franquevaux. a dit…

Et chaque fois
que je lis ce poème
ou l'entend, dit ou chanté,
je pleure.

Anonyme a dit…

Manifeste de Maria D
;-)
Merci Maria

jeanne a dit…

merci pour cette chanson
pour paco cher à mon coeur

Bernard a dit…

ποιέω,
Rouge
à se faire du mauvais sang...
Bon sang de poésies!

Maïté/ Aliénor a dit…

J'aime l'universalité de la poésie et elle pourrait prendre part à la ronde autour du monde de Paul Fort.
Mais moi aussi je pense au poème de Gabriel Celaya et je l'entends dans ma tête.

Gérard a dit…

Convertir Cadafi à la poésie

maria-d a dit…

@ O….
La jacinthe, la fleur de l’amour et du bonheur d’aimer.
Merci pour votre écho


@ jeanne…
Les mots savent dire, il faut les laisser faire ne pas les ligoter ;-)



@ jjd…
La poésie n’est pas donnée à tout le monde cher Dorio et vous le savez bien… le goût du pouvoir et la poésie sont incompatibles n'est-ce-pas ?



@ J♥♥♥ …
Oui pour certains la poésie, pour d’autre le dessin comme Zoran Music à Dachau au péril de sa vie.




@ Michel …
merci et cadeau, les larmes sont parfois bonnes… ;-)



@ Anonyme … merci en retour.



@ Bernard …
Rouge que je t’aime rouge
Rouge sang … Rouge d’amour



@ Maïté … la poésie est un fruit qui se mange cru



@ Gérard …
Pour kadhafi le mal est fait et la Bête immonde est irrécupérable

Frederique a dit…

Respiration en ces "temps" oppressants et oppresseurs,
Oxygène... ! Merci Maria.