mardi 30 mars 2010

Elle et Lui ...

.

Elle le vit apparaître… et elle l’aima, tout de suite, sans discussion, sans présentation, sans préambule, ni mise en scène… elle l’aima tout simplement, comme çà … comme il lui apparut, d’un coup et tout entier, comme il était… déjà homme, alors qu’elle avait encore quelques restes de l’enfance… Lui, la regarda, lui parla, l’écouta… peut-être, fut-il séduit par ses mots maladroits, ses phrases indécises laissées en suspens… ses silences et ses réponses décalées… hors sujet … ses bégaiements, ses absences et ses balbutiements … ses points de suspension et ses doigts sur la bouche pour faire barrage aux mots, des fois qu’il en sorte un de trop…

Ils parlèrent de poésie, de poésie et encore de poésie… et des petites choses de la vie qui la rendent si jolie… ces petites choses, si petites que seul un esprit simple peut voir et sentir, que seuls des yeux ouverts peuvent accueillir et aimer… ils parlèrent de poésie et des couleurs de la vie… celles vives qui appellent le soleil et celles plus noires qui appellent la nuit… il lui parla de musique et du soleil après la pluie… de ces petites gouttes de lumière qui dessinent des chemins irisés dans le ciel… de la vie que l’on respire et de l’amour que l’on suçote lentement comme un bonbon…

Ils devinrent amis… de très bons amis, malgré leur différence d’âge… malgré les regards inquisiteurs, interrogateurs et méfiants… voire suspicieux…
Elle était heureuse, il lui semblait qu’elle l’attendait depuis longtemps, depuis son tout jeune temps, depuis ce temps où l’on ne pense encore à rien, ni à personne… ni à la fin… où le temps passe lentement….comme dans un rêve que l’on saisit et qui nous accompagne toute une journée… et encore le jour d’après…

Un jour, elle lui fit part de son amour, de son grand amour… elle rêvait de cet instant… elle lui dit d’un air effronté qu’elle l’aimait depuis toujours et qu’il serait son premier amant… Il lui prit tendrement la tête entre ses mains, la posa contre son coeur d’homme et c’est là qu’il lui dit que celui-ci était épris et déjà pris par un jeune homme… … … … alors, elle pleura… elle ne dit rien… mais elle pleura à chaudes larmes… en longs sanglots … puis en silence… en grand silence … le cœur broyé… … premier chagrin d’amour…

C’était le premier chagrin qu’il lui fit… mais elle ne lui en voulut pas, puisqu’elle l’aimait …

Ils restèrent amis… de vrais amis, fidèles et sûrs… il devint son confident… celui qui ramassait les morceaux, les coups et les blessures… les monts et les merveilles… ses amours et désamours et l’homme de sa vie… ses doutes et ses colères… ses contradictions et ses folies… Elle en fit son mentor à défaut d’en faire son amant… Il l’aimait et sut mettre en lumière les richesses qu’elle avait et qu’elle ignorait… … …
Son travail faisait qu’il voyageait beaucoup et s’absentait de longs laps de temps… mais jamais loin d’elle il était, en vérité…

Puis, un vilain crabe s’éprit de lui… un fourbe, dévoreur et ravageur qui le consomma peu à peu, sournoisement jusqu’à la moelle … il se tut, ne lui dit rien pour ne pas lui faire de chagrin… jusqu’au jour où il sut que le combat était vain, c’était presque la fin… alors, elle ressentit une grande douleur, ses nuits furent blanches et elle refusait de croire à cette fin, il était là… elle pouvait le toucher, entendre sa voix et lui parler… l’embrasser et lui dire encore et encore qu’elle l’aimait… lui dire ces petites choses que l’on ne dit jamais que dans l’urgence…

Une nuit il partit après qu’ils se soient dit grand merci … merci d’avoir été et merci de rester… merci pour ce chemin de vie parcouru ensemble… merci pour cette amitié plus belle que la vie…
Elle pleura toutes les larmes de son corps, jusqu’à en tarir la source… puis, un jour elle hurla à réveiller les morts… et fit un grand ménage dans ses souvenirs et dans ce qui entourait sa vie… elle jeta, elle déchira et brûla… vida sa colère dans un grand feu et se sentit légère, si légère … légère comme cendre… ce que désormais il était…

C’était le deuxième chagrin qu’il lui fit… mais elle ne lui en voulut pas… elle l’aimait… l’aimera jusqu’à la fin de sa vie… et le boira jusqu’à la lie…


(peinture : Léda et le cygne / Gustave Moreau)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

tragique mais si merveilleusement belle cette histoire d'amour que rien ne peut altérer .gazou

Frederique a dit…

Je retiens qu'il t'a mise en lumière
Frederique

Anonyme a dit…

Las huellas

En el lugar donde uno pone el pie
queda la huella,
la tierra guarda esa memoria.

El cuerpo viaja,
el recuerdo se queda.
Uno se despide
y no se va.

La vida
es el recuerdo de la muerte,
y la muerte
el recuerdo de la vida.

H.Ak'abal

Neyde a dit…

Avec un si grand amour,
la vie jamais sera vide ...