lundi 5 avril 2010

Tristesse



La Tristesse s’est emparée d’Elle … elle est entrée en Elle et ne la quitte plus… Cet ange noir aux grandes ailes déployées est venu s’installer en un coin de son cœur… Elle l’entend qui bruisse dans l’air et ses plumes quelques fois viennent lui caresser la joue sur laquelle roule une larme… Un frémissement se glisse dans sa poitrine et la noie dans un sanglot… Elle est entrée dans la nuit de l’absence et du doute… nuit déserte, plus de bras… plus de voie, et plus sa voix … et le silence, ce grand silence, celui qui ne fait pas du bien… Elle sait qu’il ne faut pas qu’elle se lamente ni qu’elle se laisse sombrer dans la mélancolie … non point cette mélancolie au nom si joli et adulé des poètes… mais l’autre plus sournoise et destructrice, celle qui vous ronge la vie… … oui, Elle sait tout cela, mais pour l’heure son chagrin est immense … Des murs se lèvent devant elle, et sont de plus en plus gris… parfois elle se dit qu’elle aimerait bien revenir en arrière… retrouver sa gaieté, ce jour premier … mais l’ange noir la tient entre ses griffes et ses ailes qui battent lui produisent un air à la fois chaud et glacé… comme ces longues nuit de fièvre et de sueur froide… blanches et noires… noires et blanches… frissons dans les entrailles… sans reflet et sans ciel… visage nu et fiévreux dans le brouillard épais qui monte du grand fleuve en crue…
Les bras croisés sur sa poitrine, Elle se balance d’avant en arrière, comme le font parfois certains autistes… il lui faut oublier, ou plutôt vivre sans oublier… Oui, continuer à vivre sans l’oublier…
la Tristesse s’est emparée d’Elle… il lui faut, il lui faut du courage … de l’envie, de l'envie surtout … de la vie pour dépasser … et éloigner cette Tristesse qui s'installe peu à peu ...
Non point mourir encore... mais vivre pour deux... pour trois... pour quatre et pour cinq... et pour eux...









(peinture : La femme aux bras croisés / Pablo Picasso)

7 commentaires:

pierre a dit…

Bel accompagnement pour ce tableau de Picasso.
Le visage est si beau, si intériorisé.
Crois-tu que la tristesse, seule, le peigne?

Anonyme a dit…

Chevaucher, chevaucher, chevaucher, le jour,
la nuit, le jour.
Chevaucher, chevaucher, chevaucher.
et le coeur est si las, la nostalgie si grande. Il n'y a plus de montagne,
à peine un arbre. Un rien n'ose se dresser.
D'étranges baraques accroupies auprès de puits fangeux ont soif
Pas une tour à l'horizon. Et toujours la même image.
On a deux yeux de trop. Parfois la nuit
on croit connaître la route
Peut-être refaisons nous nuitament le chemin que nous avons péniblement parcouru sous un soleil étranger C'est possible.
Le soleil est lourd, comme chez nous au coeur de l'été.
Car c'est en été que nous avons fait nos adieux
Les robes des femmes ont longtemps brillé dans la verdure
Voilà longtemps que nous sommes à cheval. C'est donc sans doute l'automne
là tout au moins, où des femmes tristes, nous connaissent.

Anonyme a dit…

Ps: Rainer Maria Rilke

mémoire du silence a dit…

@ Pierre... Non, je ne crois pas non plus que Picasso y ait mis autant de tristesse que moi je l'écris... ... mais ce magnifique tableau peu connu de sa période bleue fait écho (me semble -t-il) à quelque chose qui la tenaille (Elle)...
merci pour tes mots et ta présence


@ Anonyme... chère anonyme ... à Rilke on y revient toujours n'est-ce-pas...
grand merci pour ce magnifique chant lyrique à la Dame au teint pâle... cette faucheuse de vies qui ne demandent qu'à vivre ....

Anonyme a dit…

C'est vrai...Il nous revient toujours.

gazou a dit…

Je ne la vois pas profondément triste mais soucieuse, songeuse , retirée dans son monde intérieur où les autres ne parviennent pas..moment de repli peut-être nécessaire pour retrouver le goût et le besoin de se relier aux autres

Anonyme a dit…

Je (re) découvre ce blog, quels beaux textes, et ce petit encart rouge à droite sur Charles Baudelaire, avec la voix de ce Trintignant que j'aime,Baudelaire, que j'aime, et vous!!!!!!!MERCI...Martine.