vendredi 12 novembre 2010

Chagrin d'amour

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Il y a tout juste vingt ans qu’il tira sa révérence pour partir vers ce pays d’où nul ne revient …

Il y a tout juste vingt ans que son cœur s’arrêta, ce cœur grand comme le monde, ce cœur blessé, déchiré, qui mourait de chagrin depuis bientôt deux ans …

Il y a tout juste vingt ans qu’il fut revêtu de son plus bel habit pour enfin retrouver l’amour de sa vie, sa fidèle compagne de misère et de joies, de peines et de bonheur… et mère de ses enfants.

Il y a tout juste vingt ans que mon cœur se brisa une deuxième fois, ce cœur qu’il me donna et qu’il su si bien faire vibrer et frémir… s’exalter … exploser … et aimer

Il y a tout juste vingt ans … il partait pour ne plus jamais me quitter…



Une extrême douceur


C’est de toi
mon père
que je trace
le portrait

Ton visage sévère
et toujours
mal rasé
m’a toujours
fascinée
mais ne t’en
ai point parlé

Notre guerre
éternelle
ne m’a jamais
étonnée

Homme en tant qu’homme
Je t’ai toujours
ADORÉ

Seulement
c’est mon secret

Secret
de mes secrets !



(ce petit poème sans prétention intitulé
« Une extrême douceur »
fut retrouvé il y a quelques années,
griffonné dans la marge de l’un de mes cahiers de lycéenne)



(Peinture : Le repas d'aveugle / Pablo Picasso)

17 commentaires:

Frederique a dit…

Des mots, en marge, qui bordent toute une vie.

Estourelle a dit…

La voix de Paco Ibanez
tes mots
la voix du passé
c'est un bouquet d'émotion

La relation au père c'est tellement important...
Le mien est en maison de retraite et j'essaie vaille que vaille de tenir éclairé le flambeau de la relation malgré tout...
Toutes les tristesses, les impuissances, les injustices, ne pas perdre la lueur dans les yeux dans les siens dans les miens...

J'ai vu Paco Ibanez une fois à la MJC de ma ville ce fut un moment très très fort!!!

camille a dit…

Il est des amours qui ne nous oublient pas et c'est bien ainsi.

Bien avec vous chère Maria-D

camille a dit…

j'ai oublié de vous dire qu'à défaut d'être une élève attentive, vous étiez une fille attentionnée. Quelle richesse.

Bifane a dit…

Ces mots-là, sous la plume d'une jeune lycéenne... comme ils sont doux, teintés d'amour, émouvants... Et combien il est vrai qu'ils s'en vont un soir "pour ne plus jamais nous quitter"...
Le sujet seul suffirait à m'émouvoir tant il me parle et me touche intimement, mais traité avec cette simplicité limpide, je lui trouve une humanité plus grande encore, plus profonde, plus entière...
J'y ajoute les sentiments proches, et de même habités, amicalement.

Bourrache a dit…

-
Comme les souvenirs peuvent être différents...
-
Demandé par l'institutrice, je me souviens des quelques premiers vers que j'avais écrits à l'âge de onze ans à l'occasion de la fête des Mères :

"Notre trésor, c'est notre Mère,
c'est notre bien le plus cher.

On n'ose pas s'en éloigner
de peur du danger.

Qu'on ne me la prenne
car c'est la mienne ..."

(puis je ne sais plus...).
-
Je n'ai JAMAIS écrit la moindre ode à mon père.
Le rapport de "forces" se révélant toujours à son avantage.
- ça n'engage que moi -
-
Biz, ma Belle.
-

Gérard Méry a dit…

Les bons pères sont inoubliables..je le sais !
merci pour Paco je j'ai écouté chanter à dix mettre de moi, inoubliable également.

mémoire du silence a dit…

@ Frederique... oui, mais il est bon de laisser un pied à l'extérieur ...


@ Estourelle ... oui, cette belle époque où plusieurs générations vivaient sous le même toit et où les anciens avaient leur place de porteur de message est bien révolu... Il y a certaines régions dans le sud de l'Espagne où cela existe encore et c'est tellement beau et bon... j'ai vu jusqu'à quatre générations sous le même toit...

Oui, vous avez raison "ne pas perdre la lueur dans les yeux"... et s'aimer vivants

merci pour votre témoignage


@ Camille ... ne point se "décapturer" de ses amours là,,, les garder en soi ils sont notre sève...
"no comment" pour le deuxième commentaire
amitié à vous


@ Bifane... j'aime vos mots "simplicité limpide" pour parler de ce griffonnage , cela me convient et je trouve que ça lui va parfaitement à ce cher père "simplicité limpide"... merci pour avoir perçu cela... merci


@ Bourrache... quel bon vent t'amène... quelle mémoire tu as !!!!
Tu étais obéissante... mon écrit ne fut point fait à la demande d'un prof, à cette époque je n'obéissais guère aux demandes, aux consignes... souvent dans la marge...
Et pourtant chère Bourrache si tu savais comme l'écriture peut adoucir les sentiments, mettre à distance les émotions fortes et rendre plus souples ces rapports que tu dis de "forces"... une bonne thérapie l'écriture, la plus efficace me semble-t-il...
Bises à toi et à la Belgique


@ Gérard... les bons pères avec leur force et leur faiblesse, leur assurance et leur gaucherie... leur main dure et leur main aimante... oui, je suis d'accord avec toi les bons pères sont inoubliables...
mais les mauvais aussi sont inoubliables... ;-) ;-)
connais-tu le film : Padre Padrone, des frères Taviani...

@

michel, à franquevaux. a dit…

Como se pasa la vida,
como se viene la muerte.

Partir pour rester :
"Secret de tes secrets".
Homme tant qu’homme :
"Cantique de tes cantiques".

Sa vie est passée,
aveugle au repas,
celui qui écoutait.

Como se pasa la vida,
como se viene la muerte.

pierre a dit…

Comme une chanson douce...
Tu a écris le reste, si tendrement, si bellement, si simplement...

Je t'embrasse Maria

J... a dit…

Et comment ne pas lui faire écho :

http://www.dailymotion.com/video/x3iiwu_barbara-nantes_music

♥♥♥

J... a dit…

En fait cette version est meilleure

http://www.youtube.com/watch?v=lsmZk3-M8Qc

wanchai a dit…

c'est touchant, le père reste en secret en chacun de nous, pourtant ce n'est pas toujours facile avec les parents, à cet âge surtout.
amitié Maria

sido a dit…

Un âge pour n'oser dire,
Juste ressentir,
L'écrire en secret,
Un âge pour parler
Dire haut le souvenir
De ceux qu'on a aimés
Sans avoir su l'exprimer.

J'ai eu aussi ce cheminement, Maria, et le besoin de le faire connaitre, comme si la publication pouvait compenser le silence d'autrefois.

Belle semaine

maria-d a dit…

@ Pierre, Michel, J..., Wanchai, Sido... merci beaucoup pour votre présence, elle est une caresse à l'âme.

Bonne semaine

Neyde a dit…

Maria
Le même que Bourrache, j'ai écris des poèmes pour ma mère, pas pour mon père.
Porquoi, si je l'aimais et maintenant - presque vingt ans de sa mort - il me manque beaucoup. J'aime le français à cause de lui qui a vécu en France et en parlait souvent.
Besos mi amiga.

maria-d a dit…

@ Chère Neyde... il n'est pas trop tard pour lui écrire... plus on se rapproche de l'âge qu'ils avaient, plus on trouve les mots pour leur dire...

je t'embrasse