jeudi 9 décembre 2010

Alma Matrix

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LA FEMME VIENT DE LA MER.

" C'est salé, c'est poivré, c'est doux, c'est huileux, c'est huilé, c'est noisette, c'est le bac où je baque, c'est la vie au sec, là-haut, dans la tête, et vernissée jusqu'au profond des portes entrebâillées, encoignures de passe et de rejet de blancheur toute grise et que je gobe et que tu happes et que tu gruges et que tu trais comme d'une mamelle jamais tarie. Ô les beaux roberts de la matrice ! Alma Matrix. Je suis le maître des linges noirs laissés pour compte dans les canalisations des mémoires de passe. C'est salé comme ces moutons de la rue, la morve au derche et ces "crie-donc" de paillasse en crêpe de Chine. Ô le crêpe de Chine sur ta chair inviolée, dans les cinq heures après-midi, à l'heure où quelque part, toujours, quelqu'un se trafique la moelle, à bout portant, comme on trafique les étoiles, je suppose, dans les univers embrassés. Ô le crêpe de Chine un peu frisé de ta géométrique envie de te faire enverguer comme on enverguerait des voiles dans les bordels intelligents. "


Léo Ferré / Alma Matrix / La mémoire et la mer... p. 7 et 8


(Illustration : Serge Arnoux)




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5 commentaires:

camille a dit…

Il est beau, immortel, "dompte l'intelligence et la sagesse". Il se nomme Eros.

Gérard Méry a dit…

Le texte est beau et fort, une blessure qui fait du bien

jeandler a dit…

Un Ferré surréaliste...

Estourellle a dit…

J'ai tant écouté
que ça m'en a blessée...

mémoire du silence a dit…

@ Camille... savez-vous qu'il est à la fois mâle et femelle ...


@ Gérard... je ne te le fais pas dire ... ;-)


@ Pierre... Un petit livre de 55 pages à lire absolument...


@ Estourelle... c'est comme toute chose, il ne faut pas en abuser... ;-)