jeudi 16 décembre 2010

L'homme de l'ombre

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Homme de l’ombre
et des humeurs fauves

tu me tires par la cheville
pour dire ton mal de vivre
ta souffrance et ton manque

ta difficulté à faire et à dire
ton manque à rêver
à exister

tes mots de mort
me frappent avec violence
ruées de vagues
qui m’expulsent et m’implosent

rictus de la bouche
œil qui tourne et vire
paroles en désordre
paroles répétitives
qui s’en vont et reviennent
comme un inlassable
ressac

usure … fêlure … rupture


et au bout de la jetée
la délivrance




(peinture : La mort et la femme / Egon Schiele)

10 commentaires:

jeandler a dit…

L'ombre dans son coin
se tient silencieuse
sûre de son fait
certaine qu'à la fin
c'est elle qui gagnera

jj dorio a dit…

INVISIBILITÉ



quand nous pénétrerons la gueule ed’ de travers

dans l’empire des morts

Raymond Queneau (l’Instant fatal)



Mon séjour sur la terre aura duré duré duré
du 24 mars 1945 jusqu’à "l’instant fatal"
mais ce n’est pas mézigue qui tournera la page ultime

J’aurai filé ad patres avec mes père et mère et toute la tribu que je n’ai pas connue

J’aurai filé la métaphore de la minute d’éternité face au temps universel qui continuera continuer à s’écouler
pour mes enfants et les enfants de mes enfants


Mais pour l’instant nulle fatalité :
un chemin s’ouvre toujours nouveau chaque jour
que poème fait

Cueillons cueillons et accueillons notre invisibilité

camille a dit…

Que de douleur.
Que de noirceur.
Un cri. Une âme torturée.

Frederique a dit…

Cet "oeil qui tourne et vire", personne ne peut, ne sait en soutenir le malaise. Nous savons qu'à la jetée, le choix n'existe plus, ou plutôt que les dés sont jetés une fois pour toute.

O a dit…

Ne sommes-nous pas là en présence de deux êtres qui s'aiment ? L'un en perdition, l'autre sauveur.

sido a dit…

Tes mots aussi Maria frappent et avec quelle force ! le mal de soi, le mal des autres qu'on ne voit plus, enfermé que l'on est dans sa vacuité , et la seule pensée qui fait avancer d'un pas, le pas décisif : la délivrance. Terrible autant que le tableau, qui dans son réalisme tragique, morbide, comporte tout de même un symbole presque heureux : l'image du couple lié au delà de la vie.

ulysse a dit…

Sans la perspective de la mort aimerions nous ?

maria-d a dit…

@ Jeandler... elle gagnera en lumière


@ Dorio ... j'aime ceci et je vous mets en lumière avec un écho... à plus tard


@ Camille... "une âme torturée" ... oui


@ Frederique ... oui, si les dés ne sont pas pipés ...;-)


@ O... peut-être... peut-être avez-vous raison...


@ Sido... merci pour ce regard, merci pour ce ressenti sensible et si proche si proche... merci


@ Ulysse... sans la perspective de la mort notre vie ne serait qu'angoisse donc point de place pour l'amour...


>>>> à vous tous merci et beau Week End tout blanc

Anonyme a dit…

De là, au bout de la jetée, d'où le cordon coupé n'est plus qu'un bras tendu.

maria-d a dit…

@ Anonyme... un bras tendu avec une main au bout qui s'ouvre et qui serre...

merci chère Anonyma