mercredi 9 février 2011

à Elle

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Il me reste d’Elle tant de choses _ tant d’images et souvenirs
ses éclats de rires et de colères _ ses larmes et ses sourires

Il me reste ce que nous fûmes _ ses folies extrêmes et rebelles
le bel âge _ celui que l’on garde quand on ne veut pas grandir

Il me reste d’Elle son cœur grand ouvert à la condition humaine
ses traces écrites et peintes sur les murs de ma demeure pleine



Il me reste son visage qui ne vieillira plus__ notre amitié éternelle
de celles qui traversent les océans froids et noirs de la mort incolore



Il me reste d’Elle si peu de chose _ un cœur plié dans un mouchoir
un brin de lumière luisant comme un feu de paille au cœur de la nuit

un petit chemin dans les vignes où chaque caillou se souvient son pas
des livres portant à chaque page les marques de sa fervente lecture

une carte de vacances épinglée au mur et qui crie la liberté de la vague
une petite épingle à tête rouge distillant quelques gouttes de notre sang



Une chose invisible qui ne me quitte plus - et - m’enlace et m’étreint
cette chose pure et sans nom _ douce et brûlante comme la main de Dieu



(Peinture : Agnès. L)

11 commentaires:

michel, à franquevaux. a dit…

Donc, et les abricotiers fleurissent.

jeandler a dit…

Les amandiers aussi fleurissent
les premiers sur la brèche
au coeur de la fleur d'amandier
ces " petites épingles à tête rouge
distillant notre sang ".

jeanne a dit…

très touchée Maria par tes mots
Elle est partie seule
Elle avait choisit sa fin de solitude
de chagrins trop lourds
il me reste d'Elle le souvenir des révoltes
des rires aussi,des mots d'ailleurs
et toujours, que je ne perds jamais, un bracelet
de perles de goulimine que je porte comme un talisman depuis qu'Elle est morte.
bien à toi

mémoire du silence a dit…

@ Michel... merci pour les fleurs de Franquevaux aux senteurs d'abricot... éternelles elles resteront.



@ Pierre... sublimes petites épingles à la tête rouge et or ... symbole de renouveau... merci



@ Jeanne... merci

Frederique a dit…

Ce "tant" d'avant remplit encore aujourd'hui.

Gérard Méry a dit…

En si peu de chose il te reste tout !

Anonyme a dit…

"cette chose pure et sans nom _ douce et brûlante comme la main de Dieu"

Anonyme a dit…

« Notre infini était
tellement pur, que je n’avais jamais pensé à la mort… »)
« De ce mot “pur” qui tombait de sa bouche, j’ai écouté le tremblement
bref, l’u plaintif, l’r de glace limpide. Il n’éveillait rien en moi,
sauf le besoin d’entendre encore sa résonance unique, son écho de goutte
qui sourd, se détache et rejoint une eau invisible. Le mot « pur » ne m’a
pas découvert son sens intelligible. Je n’en suis qu’à étancher une soif
optique de pureté dans les transparences qui l’évoquent, dans les bulles,
l’eau massive, et les sites imaginaires retranchés, hors d’atteinte, au sein
d’un épais cristal ».
(Colette, Le pur et l'impur)

ulysse a dit…

C'est un bel hommage et ce coeur plié dans un mouchoir m'émeut profondément

maria-d a dit…

@ Frederique... et jamais ne sera tari ... amitié à toi



@ Gérard... disons l'essentiel, n'est-ce pas ?



@ Anonyme... merci pour votre double passage et pour : « Notre infini était
tellement pur, que je n’avais jamais pensé à la mort… » ... il s'agit bien de cela ... et cependant lorsqu'elle se met à frapper elle n'arrête plus ses entrées

merci pour ce bel extrait (je ne connais pas ce texte de Colette)



@ Ulysse... merci à vous,,, oui, ces mouchoirs qui savent si bien recevoir et étancher les chagrins.

gazou a dit…

Que j'aime ce bleu et que j'aime ce poème
Si peu de chose..il reste;.mais c'est l'essentiel..Merci!