samedi 30 avril 2011

Le retour est de marbre

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Le retour est de marbre et l’air souffle sur les mots, il les désarticule, les désagrège et les éparpille aux quatre coins du mur. La peur est sur le temps et coule sur le devant.
La vie s’avance sur le bord du monde et répand ses fleurs sur les cheveux du vent. Un pied sur le devant et l’autre sur le versant. La page est blanche et pure, elle attend sous les feuilles que surgisse le mot.

L’horizon est de cendre, la pâleur de la rose est un baiser qui ose se poser dans le cœur des absents.
Il est perdu et loin, le cœur sur le carreau, en croix sur le refrain. Il faut que le mot sorte, que la phrase se dise, et que le verbe agisse sur le cours du tourment.
Sa fatigue est immense, il a les yeux cernés, il a le cœur griffé, le sang noir se répand doucement sur le bord de sa bouche d’argent.

Le temps est une blessure, une marque de suie sur la joue de celui qui devance le temps. La bouche est grande ouverte et gobe les tourments, comme le ciel les étoiles qui clignent en dormant.

Les enfants sont partis, ils ont grandi trop vite, ils ont filé dociles vers les horizons gris, sous le voile de brume et dans l’œil de la pluie. La vie est si fragile, elle s’étire sous la lune et refuse de boire aux fontaines de l’oubli.

La vie est incertaine, la vie est longiligne, cruelle dans son revers de ciel où les âmes s’enlisent dans de grands bancs de sable. Il jette son œil au ciel, et le rattrape étrange, dans le creux de l’oreille, l’antichambre du soleil où attendent les anges.

Les oiseaux sont partis, ils ont gratté du bec la terre sèche et aride, au goût acre de noyau. Ils volent vers les îles, vers les portes du couchant où le feu les attire dans le lit des abeilles et des reines de la nuit. Sous le soleil rouge, il tourne et s’en revient vers les tendres douceurs, celles-là mêmes qui sans cœur lui arrachèrent d’un coup la chaleur de demain.







(Peinture : marine / maria-d)

8 commentaires:

camille a dit…

Etranges douceurs
qui arrachent sans coeur
l'avenir à portée de la main
Etranges mots
Etrange image
où tout semble de brûlure et de glace
où tout semble fuir et s'incruster pourtant.

Avec vous mes amitiés chère Maria-D

w. a dit…

Belle dernière phrase. Promesses de vie auxquelles nous avons raison de croire. Promesses auxquelles le cœur répond : présent.

Amitiés aussi, de la montagne avec un rayon de soleil.

jeandler a dit…

La vie n'est pas un long fleuve tranquille
si brève pour certain
si méandreuse
avec ses étiages
ses hauts et ses bas comme on dit
quand ce n'est pas l'échouage
les eaux perdues
soudain dans la terre absorbées.
Sait-on si elles reviendront

François a dit…

C'est beau, cela file entre les doigts, c'est insaisissable, mais l'on saisit le beau dans le creux de l'oreille, c'est l'essentiel.

merci

O a dit…

Chez vous, "Celui qui devance le temps" est d'une incontestable présence.

Et pour répondre à votre question :
Je suis O
"Je suis l'alpha et l'oméga,
le premier et le dernier,
le commencement et la fin."

jeanne a dit…

je m'attarde sur tes mots
ils deviennent miens
le temps que je pose sur eux
celui qui s'en revient
comme le fils qui est parti
me dit
qu'il n'est jamais vraiment parti
et je le crois

maria-d a dit…

@ Camille... la brûlure de la glace.



@ w... "promesses de l'aube" ... merci w.pour ta présence.



@ Jeandler... les eaux toujours ressurgissent cher Pierre.
amitié



@ François... cet essentiel essentiel ...;-)... merci



@ O... alors, vous êtes O ... très bien.



@ Jeanne...que sont les mots, à qui appartiennent-ils une fois posés ????




>>>>> @ vous tous belle semaine

Maïté/ Aliénor a dit…

étrange et si beau.

La page blanche ne l'est pas restée bien longtemps.
Je sens comme des éclaboussures sur le mot, des éclats sur le mur et je suis leurs vagues. il y a de si belles expressions chez vous.