dimanche 8 mai 2011

Douleur de pierre

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____________________à M...





___Rocher de douleur
___qu'il pousse, qu'il tire
___pour remonter la pente
___sur l’épaule, sur la hanche
___sur le fil qui expire et souffle l’insistance
___sur le fil il se meurt, il insiste, il implore
___il cherche aveuglément la réponse de l’âme
___la réponse incertaine qui marche sur les flammes
___funambule de l’âme qui se pend aux étoiles
___pour décrocher l’infime


___Il marche sur le fil son rocher suspendu
___image encore fragile de celui qui n’est plus
___l’arbre pleure et s’effeuille, il vole vers le levant
___il questionne le vent et parle longuement
___au feu de ses entrailles
___il saute à cloche pied et s’enfonce dans le vide
___il file fil à fil et remonte le vent
___lourd silence oppressant
___il fuit sur les chemins _ effaré et perdu
___il pousse son destin qui lui glisse des mains









(Peinture : Sisyphe / Titien)

10 commentaires:

virtuelle a dit…

Il tente d'échapper au temps,l'absurdité sur ses épaules meurtries.
Il contemple son tourment sur le rocher d'espoir où la lumière n'est rien sans la nuit profonde pour remplir son coeur au destin incertain.
Jolie traduction poétique que vous nous donnez ici.Bien à vous

jeanne a dit…

je pourrai me retrouver dans tes mots

peut être
de temps en temps
moins douloureusement
mon rocher
parfois est lourd
comme un boulet
parfois il se fait ballon rouge
alors
j'avance

sido a dit…

Ne sommes nous pas tous des Sisyphe à un moment ou un autre de notre existence ! Parfois même on l'envie, Sisyphe, d'accepter son rocher, sa condition d'hommeau destin aussi lourd qu'absurde, on l'envie car la révolte gronde,à laquelle succède l'abandon, la souffrance ramollit les bras qui n'ont qu'une envie lâcher le rocher et rouler avec lui dans le néant. Oui,
on a tous en nous quelque chose de Sisyphe

Magnifiques ces mots, Maria. Ils expriment avec force et poésie la lourdeur des pas, les efforts surhumains absurdes et la quête désespérée d'une réponse à LA question première.

dourvac'h a dit…

Une parfaite métaphore claudicante de notre condition humaine... Notre salut (s'il en est un) est d'oublier la lourde charge, de s'ouvrir autant à celle des Autres et de partager le feu de l'âme... Le partage, quel qu'il soit...

"il cherche aveuglément la réponse de l’âme
la réponse incertaine qui marche sur les flammes
funambule de l’âme qui se pend aux étoiles
pour décrocher l’infime
(...)
il file fil à fil et remonte le vent
lourd silence oppressant
il fuit sur les chemins, effaré et perdu
il pousse son destin qui lui glisse des mains"

J'apprécie beaucoup la force de ces deux passages, Maria, nous ne sommes pas si loin de "La légende des siècles" de Victor Hugo...

Bises, Amitié & belle semaine à toi !!!

camille a dit…

" Malgré tant d’épreuves, mon âge avancé et la grandeur de mon âme me font juger que tout est bien. ”

Sophocle (Œdipe)

La vie - la mort, l'amour - la haine, la douleur -la joie , il nous faut "imaginer Sisyphe heureux" n'est-ce-pas ?
Une belle semaine à vous chère amie.

Maïté/ Aliénor a dit…

Bel accompagnement poétique où le rythme de lecture insuffle de la force au porteur de misères humaines.

Nous sommes celui qui" pousse son destin qui lui glisse des mains"; Nous sommes lui, nous sommes nous: tous dans la même galère qui nous entraîne inexorablement.
Votre rythme , Maria est époustouflant.

maria-d a dit…

@ Virtuelle ... une traduction effectivement... poétique je ne peux pas faire autrement... merci à vous
à bientôt.



@ Jeanne... je pense que chacun peut se retrouver dans les mots d'un autre... ce fut mon cas, et après moi d'autres, et d'autres après les autres.... merci



@ Sido ... " Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? "
Genèse 3:1
;-))



@ Dourvac'h... oui, oublier la lourde charge et l'alléger, s'alléger au regard des autres et de soi-même... Wouha !!! "La légende des siècles" , trop fort, trop fort... " L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn."



@ Camille ... "Travailler et créer « pour rien », sculpter dans l'argile, savoir que sa création n'a pas d'avenir, voir son oeuvre détruite en un jour en étant conscient, que profondément, cela n'a pas plus d'importance que de bâtir pour des siècles, c'est la sagesse difficile que la pensée absurde autorise. Mener de front ces deux tâches, nier d'un côté et exalter de l'autre, c'est la voie qui s'ouvre au créateur absurde. Il doit donner au vide ses couleurs."
Camus / Le mythe de Sisyphe
Alors créons, "nous vivrons deux fois " n'est-ce pas ?



@ Maïté ... Créer et avancer, rester debout jusqu'au jour où... mais en attendant : créer et être en vie.
Tout n'est que défi.
merci pour vos mots



>>>> @ Tous grand merci pour vos mots sympathiques.
Beaux jours à vous.

Merciel a dit…

Fleur de Douceur …
Qu’il nourrit, qu’il caresse
Pour peupler les prairies …
Sous ses pieds, la douceur du tapis
Sur sa peau, la caresse du Soleil
Se Glisser jusqu’au cœur de l'étoile …
Là où rayonne la prière …
Il est libre et il chante
l’étendue du ciel, les racines de l’arbre
Ses grandes ailes étendues sur l'Horizon d’azur
Emporté par l'amour … Tout s’en va
Et pourtant
Il est là, Il ne bouge pas
Il regarde et sourit
Il est Beau et il chante …

Gérard Méry a dit…

La double peine en quelque sorte, porter la douleur du monde.

à M ? ...on est le 10 mai !!!

maria-d a dit…

@ Merciel... merci pour votre lyrisme... bonne soirée



@ Gérard ... M ? non, non, rien à voir avec celui du trentenaire... celui-ci est bien vivant et bien présent, et plus humble... ;-)))