mardi 26 juillet 2011

Une résonance à JJ Dorio

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Un poème en appelle un autre

Un mot, une parole d’artiste ou d’homme libre – de la terre – homme créant tout en travaillant

marcheur qui trace son sillon de labeur et de sueur sur la route en pleurs et en fleurs

lambeaux de vie, retenus, serrés et tressés de près à l’aube de la création

une petite robe en mailles légères et volants de soie, surmontée d’un châle brodé à la main

sur la pierre de la rivière : « Le lézard aux plumes d’or » se dore au soleil

Puis arrive le choix des poèmes, dans des petits livres ouverts, édités, et réédités avant la saison, engrangeant la mémoire de nos rêves d’encre, de nos pays bleus et lectures de lait, de miel et de sel à grands ciels ouverts…
les oiseaux se brisent, se tordent le cou et griffent du bec le couchant qui saigne…

gouttes d’eau et de pourpre noyant le lit blanc du poème naissant

Souviens-toi la phrase, la lettre, le mot et l’instant précaire qui ouvre les yeux et incise le vers …






Le vers, la couleur et le chemin vert qui mène aux oiseaux

Les anges au détour de la route en friche, où les papillons guettent l’horizon, les enfants en fleurs porteurs de couronnes et de grandes échelles pour prendre les étoiles

dans la cour : une herbe, un petit bouquet, un paquet de sucre et puis un galet, une marelle tracée et un pied levé

Un poème appelle la bouche rougie, les lèvres vermeilles et les ailes au cœur … un poème appelle mille autres étoiles pour que l’enfant seule, pour que l’enfant triste s’accroche à la branche, à l’oiseau de plumes et saute d’un pied par-dessus la lune…





(Peintures : Joan Miró)

11 commentaires:

jean jacques dorio a dit…

Souviens-toi de Maria D
de Marienbad l'année prochaine

Souviens-toi que de mille poèmes
Un seul suffit à te transformer

Fournaise obscure
La mort n'y mord

Saute par dessus la haie!

camille a dit…

La poésie n'a de cesse de se multiplier et d'enfanter des petits, qui font le bonheur de ceux qui la lise.

merci pour en être et belle journée chère Maria-D

michel, à franquevaux. a dit…

La vie y mord la mort
à belles dents
quand bruit le vent.

Apollinaire.(me semble-t-il)

michel, à franquevaux. a dit…

"Fagnes de Wallonie"

Tant de tristesses plénières
Prirent mon cœur aux fagnes désolées
Quand las j'ai reposé dans les sapinières
Le poids des kilomètres pendant que râlait
le vent d'ouest.
J'avais quitté le joli bois
Les écureuils y sont restés
Ma pipe essayait de faire des nuages
Au ciel
Qui restait pur obstinément.
Je n'ai confié aucun secret sinon une chanson énigmatique
Aux tourbières humides
Les bruyères fleurant le miel
Attiraient les abeilles
Et mes pieds endoloris
Foulaient les myrtilles et les airelles
Tendrement mariée
Nord
Nord
La vie s'y tord
En arbres forts
Et tors.
La vie y mord
La mort
À belles dents
Quand bruit le vent.

Guillaume Apollinaire (1880-1918)

jeandler a dit…

Poèmes en ricochets
se tenant par la main
par dessus la rivière
par dessus les grands arbres
à saute-mouton avec les nuages
la ronde sans fin des poèmes.

if6 a dit…

poème pour les arbres de liberté
avec des ailes pour s'envoler

jjd a dit…

" La mort n'y mord"

devise de ce poète de la modernité
qui s'appelait Clément Marot (1496-97 ? 1544)

"Fournaise obscure"
recueil de Gérald Neveu (1921 1960)
l'ami de Jean Malrieu (1915 1976)

O a dit…

"Le vrai Dieu, le Dieu fort, est le Dieu des idées.
Sur nos fronts où le germe est jeté par le sort,
Répandons le Savoir en fécondes ondées ;
Puis, recueillant le fruit tel que de l'âme il sort,
Tout empreint du parfum des saintes solitudes,
Jetons œuvre à la mer, la mer des multitudes:
- Dieu la prendra du doigt pour la conduire au port."

Alfred de Vigny


la poésie n'est-elle pas une histoire de foi brûlante ?
Un tissage parfait entre le corps, l'esprit, le coeur.

Vous êtes.

O a dit…

"Que m'importent tous les hommes à présent! Ce n'est pas pour eux que je suis fait, mais pour le
Transport de cette mesure sacrée!
O le cri de la trompette bouchée! ô le coup sourd sur la tonne orgiaque!
Que m'importe aucun d'eux? Ce rythme seul! Qu'ils me suivent ou non? Que m'importe qu'ils m'entendent ou pas?
Voici le dépliement de la grande Aile poétique!
Que me parlez-vous de la musique? laissez-moi seulement mettre mes sandales d'or!
Je n'ai pas besoin de tout cet attirail qu'il lui faut. Je ne demande pas que vous bouchiez les yeux.
Les mots que j'emploie,
Ce sont les mots de tous les jours, et ce ne sont point les mêmes!
Vous ne trouverez point de rimes dans mes vers ni aucun sortilège. Ce sont vos phrases mêmes. Pas aucune de vos phrases que je ne sache reprendre!
Ces fleurs sont vos fleurs et vous dites que vous ne les reconnaissez pas.
Et ces pieds sont vos pieds, mais voici que je marche sur la mer et que je foule les eaux de la mer en triomphe!"

Claudel


http://seriealfa.com/tigre/tigre3/claudel.htm

ulysse a dit…

Votre note est une fenêtre sur un monde onirique où l'on peut mille fois revenir sans jamais trouver le paysage familier

maria-d a dit…

>>>>>>>> Grand merci à vous tous - chers - pour vos échos poétiques...




" Maintenant c’est le noir
Les mots c’était hier
dans le front de la pluie
à la risée des écoliers qui
traversent l’automne et la
littérature
comme l’enfer et le paradis
des marelles

Tu prêchais la conversion pénible
des mesures agraires
à des souliers vernis
des sabreuses de douze ans
qui pincent le nez des rues
et giflent la pudeur
des campagnes étroites

Tu prêchais dans les flammes
du bouleau du tilleul
à des glaciers qui n’ont
pas vu la mer encore
et qui la veulent tout de suite
et qui la veulent maintenant

Maintenant c’est le noir tu
changes un livre de place
comme s’il allait dépendre
de ce geste risible en soi
que le chant te revienne
et détourne enfin
avec la poigne de la nuit
le cours forcé
de ta biographie "


Guy Goffette / Solo d’ombres