vendredi 23 septembre 2011

Daniel de Montmollin

___________________expose à la Compagnie de la Chine et des Indes
du 22 septembre au 5 novembre 2011



Il a eu 90 ans cet été

il est potier _ céramiste _ poète _ conteur…
et surtout homme de Savoir au grand cœur … à l’esprit vif _ sensible et à la création fertileil est ami cher… très cher …






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" Après plusieurs décennies de métier, la ferveur des premiers jours n’ayant pas été perdue ni déserté le domaine particulier de sa recherche, un artisan de l’argile peut s’interroger sur la raison d’une telle continuité. Dans le détail, sa réponse ne sera pas forcément la même que celle de ses semblables. Mais peut-être y aura-t-il ressemblance dans le fond, de même que pour tous le métier revient toujours à une mise en forme de l’argile par la vertu de l’eau et sa transformation par celle du feu. Cette raison n’est pas la poursuite d’un rêve, bien que l’artisan sache que le meilleur, toujours en avant de lui, est toujours à découvrir.
Ce n’est pas la démonstration d’un pouvoir qu’il aurait sur la terre, sachant combien elle aussi, fidèle partenaire, l’a formé, aidé à se connaître.
Ce n’est pas une ambition d’intégrale originalité puisque, depuis toujours, le champ de réalisation du métier est la brique, le pot et la statue modelée et qu’il n’est guère de types de formes et de matières céramiques qui n’aient pas déjà été explorés.
Ce n’est pas non plus le goût de contester une civilisation qui a comme oublié que les mains de l’homme sont si proches de son cœur, quand bien même tant de gens de tous âges frappent à sa porte et qu’il fait ce qu’il peut, quand il le peut, pour combler la lacune. Qu’est-ce alors, au-delà de ces raisons qui toutes, à tel moment, peuvent tenter de se faire importantes ?
Si l’on veut inviter les mots à se rapprocher de l’inexprimable, ce serait que le métier de l’artisan de la terre est support, pour lui irremplaçable, de la Vie, en vue de l’expression particulière que celle-ci veut atteindre quotidiennement en lui ; un support alimentant sa possibilité d’être, prenant et indiquant à chaque instant sa mesure provisoire, coordonnant ses facultés les plus diverses pour les relier peu à peu dans l’unique source dont elles découlent.
Comment considérer alors l’avoir du potier, c’est-à-dire l’objet fini, surtout lorsque celui-ci s’offre d’abord, en un premier moment, à la seule vue du spectateur ? L’art n’est pas le but mais une des conséquences de la Vie. Aussi une œuvre d’art est-elle un signe, un témoignage. Très exactement le témoignage d’une libération : un mur, un pot, un modelage n’était pas qui maintenant existe parce que quelqu’un a existé en communion avec le monde créé, a laissé transparaître quelque chose de ce qui constitue sa propre source. Alors, si transparence il y a, l’amorce d’une aventure similaire chez le spectateur n’est pas exclue, pour autant que celui-ci fasse sien le secret du Renard du Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »"


Daniel de Montmollin / La face cachée de la terre / Fata Morgana … p. 23 à 25.







" La première évidence, qui fonde toute la céramique, est qu’aucune forme ne peut voir le jour tant que le potier n’a pas trouvé le juste mélange de terre et d’eau, rapport dont découle la plasticité. Ici encore, le mariage de ces deux éléments est fragile, l’air ne demandant qu’à sécher la pâte, la rendant impropre à l’empreinte. Vigilance donc pour que se manifeste cette confiance que la matière peut devenir nourriture pour la créativité. Dès les tout premiers contacts des mains avec la pâte d’argile et d’eau, il apparaît bien que deux forces sont alors en présence, l’une à l’intérieur de l’être et l’autre dans la matière. Ces forces se cherchent et leur simple rencontre met en mouvement la créativité qu’elle oriente peu à peu vers une œuvre. La nature offre au potier la terre et les lois de sa métamorphose. La première de ces lois qu’il va mettre en œuvre est celle de la plasticité. On sait le pouvoir de fascination qu’exerce sur tout spectateur, potier compris, le tournage manuel. Il en irait de même à la vision d’un film accélérant la croissance d’un fruit. C’est que, précisément, c’est par croissance et non par construction qu’une poterie trouve sa forme, par la croissance d’une unique boule d’argile, sans ajout ni retrait ultérieur de matière. Il en va de même pour les fruits, les coquillages, les humains !... Le tournage d’une poterie est ainsi à l’image de la vie et c’est sa propre vie que le potier inscrit dans ses formes, lesquelles sont habitées par ses gestes. C’est donc ici le geste qui engendre la forme, et c’est bien sur lui, et non sur la forme, que va se porter l’attention du tourneur. "


Daniel de Montmollin / Pierres habitées / Edts La Revue de la Céramique et du Verre … p 12 et 13







___________________""Eclair _ rais de feu
____________________Illumination
____________________ligne d'attache
____________________des rayons tournoyants
____________________cercles de feu
____________________de lumière ascendante
____________________dans la glaise de la nuit
____________________chair de vertige


____________________Ballustre au centre
____________________du tourbillon
____________________à rayon de bras
____________________compas de vie
____________________Main fichée
____________________au cœur de la vie
____________________affermis ta poigne

____________________Pâte déjetée
____________________aux orbites titubantes
____________________de l'insolente vie
____________________saisis le rayon
____________________arrime ton indolence
____________________aux trajectoires fulgurantes
____________________du cercle immobile
____________________enclos de lumière

____________________Au sein de la main
____________________chevillée à l'âme
____________________des pleines rondeurs
____________________de la vie _ monte
____________________Vin des nouveaux vertiges
____________________coupe d'allégresse
____________________galbe étiré
____________________des calmes maîtrises

____________________Libre la main
____________________aux orbites du cœur
____________________cherche la voie
____________________des ivresses comblées
____________________des rares sassiétés
____________________Eau souveraine _ sœur
____________________Dix doigts de liqueur
____________________aux lèvres jubilantes

____________________Arène d'or _ berceau
____________________de l'Enfant-jour
____________________s'ouvre l'argile
____________________en spires d'offrande
____________________Douce croissance
____________________du cercle de feu
____________________en élévation lente
____________________et généreuse

____________________Grâce _ fil à plomb
____________________règle inflexible
____________________de l'éternelle genèse
____________________plus court chemin
____________________de la chair à la main
____________________en travail de Vie
____________________éclair _ rais de feu
____________________âme des jubilations "


Daniel de Montmollin / le chant de la huppe







"De mes mains boueuses
ils naissent tout propres,
mes pots ! "


D. de Montmollin
Le Jardin du Potier ... p.65












(Photos de Lutz Krainhöfner)

15 commentaires:

Brigetoun a dit…

merci pour les photos et les mots - bel ode

Estourelle a dit…

C'est très beau et profond et humain et fort et fragile à la fois !

jeandler a dit…

Subsiste en ces oeuvres
comme une caresse
celle de la main
qui les a fait vivre

J... a dit…

"L’argile
te rend tes mains,
manchot !"

ou bien encore :

"Ce pot qui vient de naître,
luisant de l’eau-mère,
à qui est-il ?"

Frère Daniel (Secondes de potier)


J'aime, cela va de soi, et cette main il faut l'avoir touchée, serrée pour en sentir la bonté
♥♥♥ ♥♥♥ ♥♥♥

Bernard a dit…

Danyabad Maria, danyabad Daniel!

http://www.dailymotion.com/video/x1xe20_l-oiseau-d-argile_music

François a dit…

"La Compagnie de la Chine et des Indes", un lieu splendide qui m'est familier, et j'ai grande envie d'aller à la rencontre de votre ami.
Un bel hommage. merci.

if6 a dit…

C'est beau, je regrette de ne pas être à Paris, j'y serais allée...
Merci pour les extraits de ces livres Maria
Bonne journée à vous

Maïté/ Aliénor a dit…

Une très belle découverte, aussi bien des œuvres tournées,de leur sobriété,de leur finesse, de leur teinte ainsi que de leurs motifs(qui semblent avoir quelque chose à voir avec certaines de vos œuvres ainsi que des textes d'une grande profondeur.J'ai souvent ressenti par le passé cette fascination devant un potier et j'ai aimé lire le passage concernant la "croissance" et la vie.

Gérard Méry a dit…

Un bel hommage à ton ami Potier-poète

O a dit…

Un frère potier, un frère poète, un frère aimé.
Une immense tendresse se dégage de cette mise en lumière.
Il y a là, un véritable amour .

et je me dis que si frère Daniel de Montmollin est un de vos amis chers, vous connaissez inévitablement Taizé, ce lieu dont Jean XXIII disait : " Ah, Taizé, ce petit printemps ! "
ce lieu de prière et de rencontre où l'on va se désaltérer.

merci .

maria-d a dit…

merci à vous tous,
oui si vous en avez l'opportunité n'hésitez pas à aller à la rencontre de son travail.
Chaque oeuvre est une oeuvre d'art, et une fenêtre ouverte vers un long voyage dans l'imaginaire.

Beau Week End à tous

jjd a dit…

De mes mains propres
Ils naissent tout boueux
Mes poèmes

michelgonnet a dit…

Une très belle invitation au voyage au plus prés de soi pour mieux s'ouvrir à l'Autre.
Merci.

mémoire du silence a dit…

@ jjd ...
poèmes boueux
naissance
en mains propres


@ michelgonnet ... heureuse de vous revoir

Francis Etienne Sicard Lundquist a dit…

Dans la terre
de marbre
où poussent
les couleurs,
l'ivresse
de l'éclat
brise
le cristal
de la motte de feu
qu'une main de chair pure
touche de son doigté.

Votre ami
est un magicien
et vous êtes
une fée.

Cordialement,

Francis Etienne