mardi 27 septembre 2011

Décousu

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_______________Il a mal
_______________à sa jambe éclatée
_______________à son cœur retourné
_______________à sa vie d'assoiffé

_______________il a mal
_______________dans ce monde dérobé



_______________il a mal
_______________à ses yeux rapiécés



_______________Le soleil s'est perdu sur le chemin
_______________entre la patience et l'attente
_______________le soleil manque dans son jardin
_______________pour caresser l’écorce
_______________de son bras
_______________de sa jambe éclatée

_______________de son œil desséché


_______________Les peaux s'effleurent
_______________se visitent
_______________et s’évitent
_______________sans vraiment se toucher ni se rencontrer



_______________à force d’abandon
_______________de renoncement
_______________de peur et d’effroi

_______________il n'est plus qu’une secousse incontrôlée

_______________prêt à s’oublier


_______________demain _ peut-être
_____________________________il renaîtra...
_______________de cette jambe éclatée


_______________et ce pied déchaussé





(Aquarelle : Henri Michaux)

11 commentaires:

Francis Etienne Sicard Lundquist a dit…

C'est un papier cristal,
une flaque de temps,
un oracle interdit,
or
sur les lèvres
de la nuit,
les chuchotements
bruissent
comme des papillons
de soie
que le vent froisse
à son souffle
de pluie.
Et si demain,
la mer se pare
de brillants,
le jour
se gonflera
comme une voile blanche
et l'on verra
des roches fondre,
des rues rouiller,
des mares jaillir,
et des perles rouler.

Alors,
j'éteindrai
la lune
d'un baiser de ma plume.

Cordialement,

Francis Etienne

michel, à franquevaux. a dit…

Il est terriblement blessé.

w. a dit…

hum! comment avoir la volonté de s'en sortir? De revivre; c'est si difficile parfois pour certains, pour beaucoup.
amitié Maria.

François a dit…

Un combat, un grand combat
et j'aime beaucoup ce "découement" .
Qui je fus ? Qui suis-je ? Qui serai-je ?
une métamorphose est toujours douloureuse
un grand combat.


"LE GRAND COMBAT

Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ;
Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerveau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret.
Mégères alentours qui pleurez dans vos mouchoirs;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde,
On cherche aussi, nous autres le Grand Secret.

« Papa, fais tousser la baleine », dit l'enfant confiant.
Le tibétain, sans répondre, sortit sa trompe à appeler l'orage
et nous fûmes copieusement mouillés sous de grands éclairs.
Si la feuille chantait, elle tromperait l'oiseau."

Henri Michaux (Qui je fus Gallimard, 1927)

Anonyme A a dit…

peut-être aurait-il besoin d'aide ?

maria-d a dit…

@ Francis Etienne …

Papier buvard
remous d’encre
signe du temps
pervenche
à la bouche
une étoile
murmures
de la vigne
papillons de nuit
et de pollen
sous la lumière
flambent
pleurs
et chagrins

Et demain
la mer
la mer immortelle
la mer
de corail
se gonfle de lune
comme un oiseau blanc
au-dessus des dunes
des rouilles du temps
des marées ouvertes
des perles d’argent

Alors,
vaincre
la nuit
d’un sourire absous


@ Michel de Franquevaux … terriblement ……


@ W… difficile certes, mais non inespéré


@ François… un "découement" en attendant le dénouement

Merci pour ce poème de Michaux, une belle résonance…


@ A… et de compassion...

maria-d a dit…

Pour François j'ai oublié :


Ma vie

Tu t'en vas sans moi, ma vie.
Tu roules.
Et moi j'attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t'ai jamais suivie.
Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes.
A cause de ce manque, j'aspire à tant.
À tant de choses, à presque l'infini...
À cause de ce peu qui manque, que jamais n'apportes.

Henri Michaux /La Nuit Remue

Gérard Méry a dit…

sera-t-il vite sur pieds ?

maria-d a dit…

@ Gérard ...

pied de nez ;-)

Maïté/ Aliénor a dit…

un oublié du bonheur et des éclats de mots lui disant qu'on l'accompagne.
Des vagues de mots venant panser les blessures.

maria-d a dit…

@ Maïté ... un oublié, un retrouvé, un déconstruit et reconstruit...