mercredi 4 janvier 2012

Le fil est d'or

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Il compte et marche en équilibre sur le fil de la vierge, sa blessure est profonde, les pierres sont rondes et les murs de la chambre éclatent en grains de joie. Il chante et Il s’apaise, il chante et brûle l’onde sur la peau des secondes.

Il est libre, et espère le jour sous le rideau, son espoir est sans faille. Il chante sur le devant et tire la soie du monde, de sa paume il essuie la sueur de son front, et souffle sur le fil quelques perles d’or blanc. Il est jeune, il est beau, il est enfant du ciel et glisse sous la plume. Il est poudre du tendre sur le revers des cieux.

Le fil est d’or, d’argent, et son doigt le retient du bout de ses errances. Son regard se noie et sa bouche s’absente, le rouge est de souffrance et de voile nuptial. Il griffe les apparences et tire sur les mots, sur les rênes de sa vie, une pierre dans le cœur, un noyau sous la langue.

Sa voix se brise dans la gorge du temps, il tourne et il revient et s’accroche aux branches. Il pleure, il rit, il est libre sur la tranche. Sur le toit de son cœur elle pose un air d’enfance, dans le creux de sa main une caresse blanche, un baiser, une douceur, un point rose sur ses lèvres… une croix, un désir, une miette de pain.

Elle l’enlace, le désire, le retient, glisse ses lèvres dans la nacre de son cœur. Sur sa peau de moirure elle pose sa blessure, elle saigne et inonde le pétale d’or blanc, cette perle cachée dans les plis de sa fleur.

Ils espèrent, ils se disent, ils chuchotent dans l’ombre. Sur la page du désir l’écriture se précise. Une goutte de sang, un grain d’or sur le sable, une larme de lune coule sur les draps.

Leurs paroles sont du pain qu’ils mangent avec lenteur, ils se grisent, et s’enivrent du vin de leur amour. Ils sont deux, ils sont un, immensité du ciel. Ils s’aiment et se redisent le chemin des étoiles, la route de lumière et les cœurs qui s’aimantent le soir entre les feuilles.

Les papillons de nuit boivent l’eau des étoiles, puis ils se cristallisent et s’en vont sur le fil ... gouttes d'or sur le cheveu de la vierge.





(Peintures : Wasserschlangen / Gustav Klimt)

12 commentaires:

jeandler a dit…

Un écho merveilleux aux peintures de Klimt que tu nous offre ici, Maria. Pas de plus beau texte et qui nous touche.

camille a dit…

Epoustouflant.

Quel beau texte en ce début d'année.
Je vous souhaite une belle et bonne année chère Maria-D

Pensées au fil de l'eau a dit…

Des mots qui coulent en beautés aux rayons du soleil , une prose qui me chante une douceur de la vie...

Gérard Méry a dit…

Un amour en or, ne pas le laisser filer

virtuelle a dit…

Bel hymne à la douceur du temps qui se déclare au bord du coeur sur le fil tissé à la lumière des mots offerts. Tous mes voeux.

François a dit…

Silence :
"je vous aime"

colette a dit…

Tes mots sont d'or eux aussi

el duende a dit…

Maria,
J'essaie de comprendre : un texte où l'amour divin et humain se rejoignent.
Bonne soirée à toi.

maria-d a dit…

@ Jeandler ... j'ai vu ce 1er de l'an à la télévision, lors du concert du nouvel an à Vienne une superbe chorégraphie sur "le baiser" de Klimt, un couple de danseurs superbe, ouvrant et clôturant la scène le tableau vivant de Klimt, le couple enveloppé dans le châle brodé d’or et de couleurs… une éloge à la beauté des corps… c’était très beau

http://www.devoir-de-philosophie.com/images_dissertations/118035.jpg



@ Camille … merci chère Camille, et tous mes vœux pour la nouvelle année



@ Pensées au fil de l'eau … de l’amour ;-)))



@ Gérard … ni s’effiler …


@ Virtuelle … le cœur, l’âme et le corps finement tissés… merci et belle année


@ François …

Chuuuuuuuut :
http://www.dailymotion.com/video/x5oswt_je-vous-aime-ferrat_music


@ Colette… merci d’or est


@ el duende … L’amour divin est humain et l’amour humain est divin

jeanne a dit…

j'aime ces papillons de nuit
cette eau des étoiles
ces signes du ciel

el duende a dit…

Ah ! je suis contente de ce que tu me dis.
J'ai vu le baiser de Klimt à Vienne. Il était placé au fond d'un dédale est protégé dans un sarcophage de verre, ce qui ajoutait à la magie de l'instant. A Vienne ma révélation n'a pas été Klimt mais Egon Schiele.:-))

maria-d a dit…

@ jeanne ... ils se sont imposaient à moi en fin de texte... merci Jeanne et belle vie


@ el duende ... alors là, je veux bien vous croire... Schiele, un excellant artiste...