jeudi 14 juin 2012

Deuil







               Dans le ventre froid de la terre
               les anges sont morts de chagrin
               rouge sont leurs lèvres mordues
               le sang coule en syllabes rondes
               vers leur cou de cygne     vierges
               dans la marge du jour les voyelles
               s’inscrivent au cœur des missives
               vin de la vigne et grains assassins
               force du jour au cou des comédiens
               à leur doigt une lettre    la quinzième
               sur la ligne du verbe et de la pauvreté
               joues rouges et peaux de papier     soie
               à l’intérieur des corps un scarabée dort






(Peinture : Terre rouge / maria-d)

6 commentaires:

camille a dit…

Un scarabée sacré, très certainement.

amitiés chère amie.

François a dit…

Des anges inaccessibles et rilkéens,vous avez intitulé ce poème "Deuil", ne s'agit-il pas là du deuil de Dieu.
Apprivoisons la mort, afin qu'il y ait vie avant cette vérité dernière.
Un poème fort et beau comme vous savez nous en dévoiler régulièrement, mais un poème à la saveur inquiétante.

En coeur et pensée avec vous, je vous souhaite "la vie heureuse".

Estourelle a dit…

Expérimentons l'effacement
avec la musique de Philippe Glass
et Virginia Woolf quel mélancolie
et quel passion !!!

Frederique a dit…

Les voyelles, comme une eau, elles crient le beau, la vie par delà le deuil.

J... a dit…

"Je suis à moitié né, je suis complètement mort"

Georg Trakl


♥ ♥ ♥

maria-d a dit…

Merci à vous tous, je prends vos mots comme une offrande...
Beaux jours à vous et bon week end...

...
...
...


" Tout redeviendra grand et immense

les terres simples et les eaux ridées,

Les arbres géants et très petits les murs;

et dans les vallées, fort et multiple,

un peuple de bergers et d’agriculteurs .

Et plus d’églises, qui enserrent

Dieu comme un fuyard, et qui se lamentent sur lui

ainsi qu’un animal pris au piège et blessé,-

à ceux qui frapperont à la porte les maisons se feront accueillantes

et une senteur d’offrande sans limite

dans toutes les mains et en toi et en moi.

Aucune attente de l’au-delà et aucun regard vers l’ailleurs,

que désir, surtout de ne pas profaner la mort

et se faire humble serviteur des choses de la terre,

et de n’être plus chaque fois nouveau à ses mains."


Rainer Maria Rilke