vendredi 13 juillet 2012

Griffure [5]







               Mémoire  -  silence
               je suis
               aujourd’hui prise au piège
               poser les mots   dissoudre la phrase
               puis s’assoir à l’envers du livre
               plus loin encore
               le corps épris
               l’été     le goût du sel
               la langue humide sous le verre d’eau
               revers du temps
               virage abrupte   le cœur se penche
               cailloux de sable
               le miel coule
               la nuque fine biaise le silence
               chemin des dunes
               route des pluies
               le ciel est dur d’un bleu de zinc
               son œil cligne sous l’orage
               averse   déluge   l’esprit se noie
               la fin est proche
               rentrer chez soi  –  silence des plages
               vertes
               seule la page





(Dessin : maria-d)

9 commentaires:

O a dit…

"Si tu trouves du miel, n'en mange que ce qui te suffit, De peur que tu n'en sois rassasié et que tu ne le vomisses."
(Proverbes 25:16)

camille a dit…

Très beau.

J... a dit…

Seule la page face à soi-même
un dilemme quand l'écriture se fait attendre

J'♥ ceci

Gérard Méry a dit…

Ton silence est très fort Maria

Anonyme A a dit…

se sentir prise au piège
repartir en silence
toujours plus loin

Neo a dit…

magnifique
comme le goût de la pluie
... sous les mots les algues
sous les algues la plage
vertes

Maïté/ Aliénor a dit…

Et la page, ce nouveau commencement.

François a dit…

"La mer est un gisant;gémissent au secret
Les vents en Eole captifs;
Des pointes seules du trident Neptune sur les vastes
Ondes fait courir un frisson;
L'éclat blanc de la plage étincelle de mille
Petits reflets de soleil vif.
Inutiles, les grands airs que nous nous donnons.
rien, dans ce monde étranger,
Ne reconnaît notre apparente grandeur, rien
Sur nous par raison ne se règle,
Si de cette mer calme, ici, mes profondes empreintes
Trois vagues les effaceront,
Que me fera la mer qui sur la plage aux noirs éclats
Est l'écho de Saturne ?"

Fernando Pessoa

el duende a dit…

Tes poèmes sont comme la mer, toujours recommencés... Variations sur un même thème, comme un monologue interieur qui poursuit sa quête...