mercredi 28 novembre 2012

Poètes







Y'a une étoile


Salut ! ma vieille copine la terre
T'es fatiguée ? Ben... nous aussi
C'est pas des raisons pour faire des manières
Tant qu'y'a le soleil qui fait crédit
Salut! ma vieille copine la terre

Y'a une étoile au-dessus de Paris

Qui m'a fait de l'
œil la nuit dernière
Ma vieille copine la terre
Et pendant ce temps tu dormais
Enroulée dans les bras de ma mélancolie
Pendant que je déambulais
Comme un oiseau blessé dans la nuit si jolie

Salut ! ma vieille copine la terre

Dans tes jardins y'a des soucis
Qui font de beaux printemps à la misère
Et de jolies fleurs pour les fusils
Salut ! ma vieille copine la terre

Y'a une étoile au-dessus de Paris

Qui m'a fait de l'œil la nuit dernière
Ma vieille copine la terre
Et toi pendant ce temps tu peinais
A charrier sur ton dos
Des continents de misère
Pendant que le soleil se dorait
Dans sa maison toute bleue
Pour se refaire une lumière

Salut ! ma vieille copine la terre

Y'a des diamants qui font leur nid
En se fichant pas mal de tes frontières
Qu'il fasse jour, qu'il fasse nuit
Salut! ma vieille copine la terre

Y'a une étoile au-dessus de Paris

Qui m'a fait de l'œil la nuit dernière
Ma vieille copine la terre
Si tu voulais bien en faucher deux ou trois
Ça pourrait faire une drôle de lumière
Et mettre au front de la société
Des diamants qu'on pourrait tailler à notre manière

Bonjour ! ma vieille copine la terre

Je te salue avec mes mains

Avec mes lèvres
Avec ma joie
Avec tout ce que je n'ai pas


Léo Ferré 



 


Automne malade


 Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers

Pauvre automne

Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines

Les cerfs ont bramé

Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs

Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie
S'écoule


Guillaume Apollinaire



2 commentaires:

Frederique a dit…

Ad libitum.
Merci.

Gérard Méry a dit…

J'MMM