samedi 2 février 2013

Poésie







               Poésie du son et de la voix
               parole portée hors de la bouche               
               orale litanie

               la lèvre frémit             
               et se frise dans l’air
               trace de la rime
               et de l’herbe sur l’onde

               petits points de suture
               sur la peau l’ombre s’incruste
               jardin des grenadiers et des vertes vallées

               loin dans le sable
               la voyelle s’isole hors de la phrase
               terre meuble
               glaise des mots   pétrie et pincée 

               le bras se tend
               au bout la main se referme

               articulation passagère
               entre deux rimes

               poésie de l’arbre
               et de la branche feuillue
               nue   perdue dans l’ornière du ciel 
               le sang bouillonne
               au cœur des consonnes

               abri 
               du vers sacré 
               l’élu de l’aube
               et du verbe
               premier





(Encre et collage : maria-d)

10 commentaires:

O a dit…

"Poésie, le plus joli surnom qu'on donne à la vie"
J. Prévert

merci pour la vie qui illumine vos pages.

michel, à franquevaux. a dit…

Vers sacrum,
printemps qui commence,
le premier amandier est en fleurs.

Alain Gojosso a dit…

Sculpture en ramures des mots qui en vers tissent l'oxymore d'un parfait à tendre. Oui.

Merci Maria pour ce joli partage et bien à vous.

jeanne a dit…

une chanson
un rêve
la mer

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Si nous savions dire comment, expliquer le pourquoi, la poésie perdrait de son mystère, de son charme,et je préfère me laisser porter par la voix de ton âme au pays des rêves.
Amitiés.

Roger

Gérard Méry a dit…

Ton dessin ressemble à un violoncelle

maria-d a dit…

@ O ...

Des draps blancs dans une armoire
Des draps rouges dans un lit
Un enfant dans sa mère
Sa mère dans les douleurs
Le père dans le couloir
Le couloir dans la maison
La maison dans la ville
La ville dans la nuit
La mort dans un cri
Et l’enfant dans la vie.

Jacques Prévert




@ michel de franquevaux. ...

Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants.

Sous les rayons d’or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent.
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses de lilas fleurissent.

Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos cœurs gonflés et palpitants.
Te voilà, rire du Printemps !

Théodore de Banville




@ Alain Gojosso ...

Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes ;
TOUT, la haine et le deuil !
Et ne m'objectez pas que vos amis sont sûrs
Et que vous parlez bas.
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille du plus mystérieux
De vos amis de cœur ou si vous aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.
Ce MOT — que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre —
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre ;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin ;
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et cætera
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
Et railleur, regardant l'homme en face dit :
"Me voilà ! Je sors de la bouche d'un tel."
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor Hugo

maria-d a dit…

@ jeanne ...

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire




@ LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS ...

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi
Le bleu fouillis des claires étoiles!

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance!
Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

Paul Verlaine




@ Gérard Méry ...

Le plus beau concerto est celui que j'écris
Sur les claviers jaloux de ton corps ébloui
Quand mes hautbois en caravanes
Viennent mourir dans tes jardins
Et que m'offrant tant de festins
Tes lèvres dansent la pavane

Le plus beau concerto est celui de ta voix
Les matins reconquis à l'archet de mes doigts
Quand tu meurs à mes violoncelles
Les anges cassent leurs violons
Et sont jaloux de nos chansons
Car la musique en est trop belle

Léo Ferré

Maïté/Aliénor a dit…

Tout en retenue brodé au point de violon et de voyelle.

Gérard Méry a dit…

Tu as réponse à tout ...joliment