lundi 18 février 2013

Résonance





Murmure et chant de l’eau. Au pied, la plainte de l’arbre.

Les yeux éteints, la voix secrète, mots abattus et éreintés. Silence des renaissances et des empreintes perdues.

Il est saisi, docile, et il cherche le son à moudre, à triturer, et les lignes de l’histoire. Les histoires à survivre, l’anneau de la vie, le verbe ancien et la peau sous le masque. Hier il est tombé au bord du caillou, il est recomposé. Secret.

Á ses pieds, la vie échevelée, le bruissement des hommes, les os broyés, limés. Le chaos et la chute, l’ange est retrouvé. Dans le désordre du monde une étoile est née.

Sur sa route, il marche, aveugle, désespéré. Œdipe sur le chemin, le pied griffé, cuivré, somnolence de l’homme au visage humilié.

Il prie Dieu et les hommes, et le ciel encerclé. Une étoile dans la main il rompt avec la vie, sur le sable, dans l’étreinte, il embrasse l’absente.

La vie est une nomade, un coup de pied au cœur, une frayeur, un silence sous le pied. La vie est une absente à l’amour déchiré, une méprise, une rumeur, une histoire oubliée. La vie a cette douceur que les yeux savent donner. Rire de l’enfance, peau de lait, mains tendues vers le ciel louant les opprimés.

Il a soif, il attend, la vigne coule à flots, le vin est rose, parfumé. L’arbre est sous le pied, la vie est encensée, sous le ciel et la branche ce petit bout de rien, cette chose épelée, épluchée comme une peau arrachée.

Il tresse et il visite, il reçoit en plein cœur la brebis égarée, la souffrance de l’homme et sa vie piétinée. 

Absurdité, folie du rien absout, de la faim, de l’histoire et des grandes utopies. Sacrilège des hommes aux mains tendues, de boue.

Dans sa tête un cri, un rire perdu aux larmes, faim des opprimés, ventres des rassasiés.

Les oiseaux sont venus sous les arbres, murmure et chant, plainte et vent, eau du ciel, étreinte de l’air. Le ciel froisse les rêves, tisse l’envol des oiseaux silencieux. Un mot, une feuille, un regard esseulé. Le calme est revenu, le désordre est un souffle, une évidence passée.

Des larmes et des tourments, et le vide au temps. Toute cette peine à suivre, à vivre, à survivre. Il est posé, plié. Murmure et chant, l’étoile danse dans le noir.

Il est au pied tourné, troublé et suspendu, le sac sur les genoux, la boue entre les mains. Un arbre crève-cœur, à sa bouche : un baiser.
 


En résonance à :




Au bout, au pied et sous 


 " Toujours, encore, à temps, j’entends : au pied de l’arbre, des arbres, le chant plaintif, les eaux assemblées elles murmurent. 

Il est vaincu, il est fourbu, il est aveugle et sans paroles, un mot, puis le silence et la reconnaissance, la vie se tord, il est perdu et il tourne ses repères.

Il est accroché, il cherche, j’entends le son, les bornes résonnent sur le pourtour, la vie est brisée, le cercle, les messages, un mot si bien dit, articulé il sonne dans le masque, sur le devant, dans le caillou, au bord, au bord tout est à faire, à dire, dire et à composer. 

Au pied le murmure, la vie écartelée, la souffrance sur le dos, sur les yeux, dans l’imperfection, dans le désordre, un grand chaos et il en naitrait une étoile qui danse. 

Sur la route des bâtons perdus, des errants et des regrets, des efforts, de la stupeur, je rentre, je reviens, je tourne, je cherche. 

Espère, prie et tourne et soutiens toi, accroche au ciel cette étoile, défais de ta peau même le calme, le repos, il y a, il y a, il faut, il faut, arrache, étreint et tourne sur le sable le pied perdu.

La vie errante, le sol martelé, les angoisses effacées sans rien dire, sans rien faire, une illusion, une histoire courte, trop, et du regard perdu, de sa vie en cercle, il cherche une borne, un pieu, le tronc, la vie cernée et les yeux clairs, le rire pâle, la peau tirée, les mains serrées, le col. 

Il boit encore à temps, longtemps le seul vin aigre, la vie éclatée, le rien fendu sous les branches, sous le ciel même, il y a, il y aura et rien ne tient au bout du doute, la peau arrachée, le mot épelé, la source des eaux. 

Il assemble, il connait, il contemple et il cherche les troupeaux perdus, dans le silence long et noir, et noir, il tourne sur le vide, il étrangle la soif et les causes, du bout, de la solitude au bout, aux rêves, il joint une main à une autre, un cœur transi à un blasphème. 

Le repos, le regard, les troupeaux perdus, ventre affamé, oreilles mortes, il y a, il y a. 

Les eaux murmurent, un chant plaintif, on se pose sous les arbres, les oiseaux tournent, le ciel, sur, il étreint un peu d’air, un peu de ciel, un peu de rêve, une envolée, tristes oiseaux, au silence sans passion et pareils, pareilles les feuilles mortes et ils volent sous le regard, sous le ciel même, un mot, un mot, une échappée, en évidence posé sous les arbres, il cherche et ne trouve, il est posé et il est calme, le désordre, le souffle, l’air, circulent. 

Ô, des efforts, de la souffrance du sanglot et rien pour tenir à la route et rien pour défendre le temps compté, il se pose et ploie, un bâton, il murmure sous le ciel noir : les étoiles dansent.
Il est tohu et bohu, il se défait, la peau tirée, le sac posé, la boue au pied, il cherche : sous l’arbre, il ouvre la bouche. "


The Kiss by Michael Riesman/Philipp Glass on Grooveshark
(Peintures : Voix du silence / Kaïkan )
je remercie Kaïkan du fond du cœur pour ce prêt
visitez son travail ICI

9 commentaires:

arlette a dit…

Une résonance qui bouillonne et déborde la cadre indiquée car le poème est ainsi ses échos sont multiples
Très beau Merci en partage

arlette a dit…

Désolée , faute de frappe il fait si froid dans la maison des champs !! j'ai les doigts gelés
lire "le cadre indiqué"

J... a dit…

♥+♥=♥♥
(♥♥)+♥=♥♥♥

Maïté/Aliénor a dit…

Des échos qui pourraient aussi rejoindre ceux de mes pèlerins.Des échos qui viennent et s'approchent et puis s'éloignent au gré des chants, des mots et des cheminements.

sido a dit…

C'est tellement beau, et l'un et l'autre, que le silence s'impose,...et remue.

maria-d a dit…

@ arlettart ...

Déborder du cadre… comme cela est bon… ;-)




@ J... ...

♥♥♥



@ Maïté ...

Un beau cheminement qu’il soit vers l’autre, les autres, st Jacques ou Lui…



@ sido ...

Le silence remue, comme l’image est belle … merci Sido…

Kaïkan a dit…

En résonance, tout simplement ;-))

maria-d a dit…

Tout simplement :-)
et amitié

Neo a dit…

Des larmes et des tourments, et le vide au temps
Magnifique et avec les oeuvres de Kaïkan... un vrai bonheur !
Merci