vendredi 11 février 2011

Ivresse

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Marcher sur la page
et prolonger la marge

À chaque instant
fendre mille ans

Mille images peintes
au visage d’absinthe
aux arêtes de nymphe

Aux doigts de lune
ivres de brumes

Prolonger la page
marcher dans la marge








(Peinture : Le buveur d’absinthe / Viktor Oliva)
.

17 commentaires:

jeanne a dit…

se dé-marger....

J... a dit…

Tant de peintres l'ont peinte
Tant de poètes l'ont chantée
Tant d'artistes l'ont encensée
Cette fée verte centenaire

Mots - image - musique
J'aime beaucoup

♥♥♥

J... a dit…

L'heure verte


Comme bercée en un hamac
La pensée oscille et tournoie,
A cette heure où tout estomac
Dans un flot d'absinthe se noie.

Et l'absinthe pénètre l'air,
Car cette heure est toute émeraude.
L'appétit aiguise le flair
De plus d'un nez rose qui rôde.

Promenant le regard savant
De ses grands yeux d'aigues-marines,
Circé cherche d'où vient le vent
Qui lui caresse les narines.

Et, vers des dîners inconnus,
Elle court à travers l'opale
De la brume du soir. Vénus
S'allume dans le ciel vert-pâle.

Charles Cros

J... a dit…

et là pour une balade avec la fée aux yeux d'aigues-marines
http://users.telenet.be/gaston.d.haese/la_fee_verte.html

Anonyme a dit…

"Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ?"

Gérard Méry a dit…

"Qu'importe le flocon, pourvu qu'on ait l'Everest ! ! !

gmc a dit…

TOCCATA EN FUGUE

Noyer les barges
Dans un curry de velours
Les épices aux aguets
Sur la tendresse des pâtes

Des poivres et des sels
Pour ébarber le bain
La mousse en supplément
Pour rafraîchir les cuirs

Déployer des charmes
Sur un canapé glamour
Laisser lover le vin
Enchanter ses arômes

jjd a dit…

ENIVREZ-VOUS

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Baudelaire

Les petits poèmes en prose

Anonyme a dit…

Outrepasser la page...

Laura- Solange a dit…

"marcher dans la marge" est une aventure pleine de poésie...

jeandler a dit…

L'aventure est dans la marge
les mains dans les poches
dessinant la frontière
clopin-clopant

Frederique a dit…

Ton poème me fait penser au voyageur, Nicolas Bouvier, s'effondrant sur ses pages, marchant pour mieux repousser ses marges, dans l'ivresse d'une quête (cf particulièrement son ouvrage "le poisson-scorpion" (chez Folio).

maria-d a dit…

@ Jeanne... c'est bien cela.


@ J... merci beaucoup pour ce florilège ♥


@ Anonyme... oui, prenons le bonheur comme il nous vient, quel qu'il soit, d'où il vienne. et merci de n'avoir point posté le vers précédent celui-ci ;-)


@ Gérard... merci Gérard pour la variation, j'aime beaucoup, il me semble que tu l'avais posté chez Colette, je me trompe ?


@ gmc ...

Pâtes de velours
la tendresse aux aguets
épices des barges

Mousse de poivre
ébarber les cuirs en supplément
pour rafraichir le bain

Enchanter le vin
lover ses arômes sur un canapé
glamours ses charmes


@ jjd ... merci beaucoup pour ce beau Baudelaire, poète qui savait si bien écrire les paradis artificiels...


@ Anonyme... oui, et même au-delà de la marge ;-)


@ Laura... merci pour votre visite...
oui, une belle aventure, qu'il est bon d'expérimenter.


@ Jeandler... je ne sais pas pourquoi tes mots me renvoient à ceux-ci :

(...)
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

(...)

Apollinaire / La chanson du mal aimé


@ Frederique... merci merci Frederique , faire un rapprochement avec Nicolas Bouvier, cela me flatte beaucoup beaucoup

Gérard a dit…

possible, j'ai la mémoire qui flanche...dirait Jeanne Moreau

Alix a dit…

Marcher sur la page
avant d'accomplir le
dernier poème de la démesure
ivre de volupté
page vierge main émue
renversant les mots
d'un encrier noir
signet marque-pages
A quelle source puiser ?
:)
Simple" jeu de mots" sans ostentation
A bientôt Maria

dourvac'h a dit…

" Mille images peintes
au visage d’absinthe
aux arêtes de nymphe "

... qui nous entraînent si loin du réel, comme cette étrange vision du peintre Viktor Oliva !!! Merci pour ce précieux lien à "The Lady of Shalott", chère Maria ! Amitiés...

maria-d a dit…

@ Alix... un bonheur toujours est pour moi celui de te lire...
je t'embrasse


@ Dourvac'h ... doux paradis artificiels si douloureux et démoniaques lorsqu'ils nous sont devenus "vitaux"

amitié à toi