samedi 3 septembre 2011

"Le chevalier à la triste figure"

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__________Son corps
__________est en lambeaux
__________sa peau _ un oripeau
__________il ne sait plus qu’il existe
__________il ne sait plus

______________________ _ ne croit plus

__________à la lumière des cieux
__________à la promesse des dieux


__________tout est aride _______ poudré de peur et de noires ténèbres
__________l’eau s’en est allée sur les chemins de cailloux et de vent
__________ses larmes ne sont plus _ perles de lumière___fleuve de sel

__________alors
__________son œil se ferme _ se ferme _ se ferme ____ et s’éteint
__________sa paupière est pesante _ meurtrie et brûlante _ un cri
__________sa nuit se précise _ son étoile s’enfuit inaccessible


__________Il vagabonde _ il est l'errant

__________vers son destin _ ses illusions
__________il va et il avance droit sur sa monture
__________il est le chevalier _ à la triste figure






(Lithographie : Don Quichotte et les oiseaux / Bernard Buffet)

18 commentaires:

jeanne a dit…

mais il avait le courage chevillé au corps
il y était allé...

michel, à franquevaux. a dit…

Echo:

http://gouttesdeau.over-blog.com/article-naufrage-82327614.html

camille a dit…

Triste figure droit et fier, altier jusqu'à la dernière.

N'y a-t-il pas là une pensée sous-jacente, une autre Figure ?

Belle journée chère Maria-D

jeandler a dit…

Quelqu'un de fidèle à ses croyances.

Nabokov a fait de l'oeuvre de superbes commentaires et analyses

J... a dit…

Nuit de ses rêves
Ivresse de ses ciels
Confiance en ses dieux
Oubli des ténèbres
Lente remontée vers la vie
Absence de l'étoile
Seigneur éternel

♥♥♥

maria-d a dit…

@ Jeanne... et il continue à y aller, le courage ne lui manque pas


@ Michel ... un écho, une résonance, décidément on n'en sort pas... merci, beau texte.


@ Camille ... le courage et le fort désir de dépassement


@ Jeandler ... un vrai chevalier

je ne connais pas ces écrits de Nobokov, où peut-on les trouver ? ça m'intéresse.


@ J♥♥♥ ... chuuuuut !!!
"quatre consonnes et trois voyelles" ;-)

JJ DORIO a dit…

NO EL TRISTE SINO EL CABELLERO JOCOSO


Pensez à Don Quichotte, s'il vous arrive de suivre tous les enterrements qui passent à votre portée, de ne jamais voter avec la majorité, de penser que Jaurès n'a pas encore été assassiné et de croire en l'amitié du premier venu monté sur son âne.

Pensez à Don Quichotte qui se trompait d'époque, qui lisait tout à l'envers, qui se vêtait d'art brutet d'acier trempé dans la plume de Cervantès.

Pensez à Don Quichotte, à ses folies de nomade que l'on croyait nigaud, mais qui est toujours là, avec ses ruses d'artiste qui nous montre la voie...

L'Autre Voix !

jj dorio a dit…

CAMINANTE NO HAY CAMINO
EL CAMINO SE HACE AL ANDAR
Antonio Machado


Qu'est-il arrivé au cheval de Don Quichotte ?

Qui l'a ainsi troué de quelques notes d'azur et de gueules ?

Qu'est-il arrivé à sa quête d'absolu ?

Les archives des guerres et des révolutions peut-être vous renseigneront, ou bien, tout au contraire vous laisseront sur votre faim.

Et pour son cheval, sa musique et sa quête d'absolu, ayez faim , toda la vida, toute une vie d'amour et de rage.

Et quand vous rencontrerez Rocinante, si votre persévérance vous la fait rencontrer, enfourchez-la, pour lui faire humer une fois de plus, les chemins de la liberté...

Maïté/Aliénor a dit…

Une figure qui ne manque pas de piquant et qui continue en perpétuel errant dans notre souvenir. Il vient jusqu'à nous à travers littérature, peinture, musique et vos mots et il nous survivra.

O a dit…

Son plus grand combat étant celui de l’intériorité

"Chevalier je suis, et chevalier je mourrai, s'il plaît au Très-Haut. Les uns suivent le large chemin de l'orgueilleuse ambition ; d'autres celui de l'hypocrisie trompeuse ; et quelques-uns enfin, celui de la religion sincère. Quant à moi, poussé par mon étoile, je marche dans l'étroit sentier de la chevalerie errante ; méprisant, pour exercer cette profession, la fortune mais non point l'honneur, j'ai vengé des injures, redressé des torts, châtié des insolences, vaincu des géants, affronté des monstres et des fantômes. Je suis amoureux, uniquement parce qu'il est indispensable que les chevaliers errants le soient et l'étant, je ne suis pas des amoureux déréglés, mais des amoureux continents et platoniques. Mes intentions sont toujours dirigées à bonne fin, c'est-à-dire à faire du bien à tous, à ne faire de mal à personne. Si celui qui pense ainsi, qui agit ainsi, qui s'efforce de mettre tout cela en pratique, mérite qu'on l'appelle nigaud, je m'en rapporte à Vos Grandeurs, duc et duchesse."
Cervantes. (II, ch. XXXII)

O a dit…

Triste-Figure et Figure-Mystique

http://books.google.com/books?id=LAFkwxSeMlAC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

maria-d a dit…

@ Dorio...

Rossinante fidèle destrier
grand et maigre, dévoué à son maître chevalier
attentionné, posé et avisé, la voix de la raison
à l’œil aiguisé et l’oreille attentive
avec parfois une pointe d’espièglerie
se moquant doucement des folies chevaleresques
de son maître déraisonné
Rossinante le pacifique
toujours marchant
" Rocin andante "
fidèle destrier
du " Chevalier errant "


merci cher Dorio pour votre belle plume



@ Maïté ... mon héros préféré... je l'aime depuis la nuit des temps.



@ O... il s'agit bien de cela justement, de ce combat intérieur et cet acharnement à la vie , aux rêves habités, à cette inaccessible étoile qui s'éloigne toujours plus...
merci pour cet extrait et pour ce lien que je vais consulter de manière plus fouillée

pierre a dit…

Nabokov : Litteratures, collection Bouquins de chez R. Laffont, 2009.

pierre.b a dit…

Des ombres et des angles...de l'or dans le regard...les couleurs de la mer du Nord..et les mots que l'on pose..sur un trait de lumière..une ligne de poussière..des rives et des larmes..l'éclat d'un solitaire..Et cette eau qui s'enfuit..sur les joues et le sable..sur les angles de la peau..dans le coeur d'un héros..dans la nuit et le temps..contre la douceur et..sa préférence..
Une pensée maria-d...heureux de me poser chez vous..j'aime votre écriture..et ce Blog..

maria-d a dit…

@ Pierre ... merci ami pour les références, je prends donc note.



@ pierre.b ... vos mots me touchent, si justes et en adéquation avec la peinture de Buffet et ce Triste-Figure cher à mon coeur, dont je trace le portrait... je retiens cet or dans le regard, cette lumière précieuse qui jamais ne s'éteint... merci pour ceci, merci pour cela...
le bien venu vous êtes dans cette demeure là.

Gérard Méry a dit…

Ton texte colle à merveille avec la peinture de Buffet !

Kaïkan a dit…

Ne sommes - nous pas tous des Don Quichotte des temps modernes ? Avec nos rêves , nos inaccessibles étoiles et nos déboires ... Hommes et femmes aux idéaux qui subsistent envers et contre tout ?

maria-d a dit…

Oui, chère Kaïkan, nous somme tous des Don Quichotte... mais certains d'entre nous souffrent mille fois plus que d'autres... et ceux-là je les accueille et les portent entre mes mains, le temps d'un instant... une juste présence


merci pour tes mots je suis heureuse de te retrouver