mardi 13 décembre 2011

Ils cherchent et se souviennent

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Les armes sont prêtes, les larmes explosent, et éclaboussent les visages et les roses. La terre est de sang, les cœurs sont absents. Le silence est de plomb, les enfants ont grandi et ont saisi les armes. Ils sont tombés ventre ouvert dans le trou du désert. Dans la brèche de l’histoire, qui sans cesse rouvre la plaie et lacère la mémoire.


Dans le cœur des hommes : des gouffres, des malheurs et la peur de mourir, de partir vers l’abime, de l’effroi entrouvert. La blessure est à vif. Le ciel est de cendre et de gouttes de sang. Les chiens rognent les os qui pleuvent sur le monde. Chaque jour, chaque nuit ils griffent les secondes et mordent férocement la chair de l’humain.

Sur la branche, une feuille s’accroche éperdument, elle ne veut pas mourir. Elle ne veut pas partir là-bas dans le néant. La vie est écrasée, le pied est lourd et dur, il martèle le monde et lui rogne le cœur.



_________________________Ils cherchent encore la fleur
_________________________qui pousse dans l’humain,
_________________________ils cherchent et se souviennent
_________________________que la terre était ronde.

_________________________Ils cherchent et se consument.

_________________________Ils cherchent et se souviennent
_________________________qu’un jour ils furent humains
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(Peinture : Friend / Emil Nolde)

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___________________________pour Maïté



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12 commentaires:

camille a dit…

"Du fer, du feu, du sang ! C’est Elle ! C’est la Guerre !
Debout, le bras levé, superbe en sa colère,
Animant le combat d’un geste souverain.
Aux éclats de sa voix s’ébranlent les armées;
Autour d’elle traçant des lignes enflammées,
Les canons ont ouvert leurs entrailles d’airain
Partout chars, cavaliers, chevaux, masse mouvante !
En ce flux et reflux, sur cette mer vivante,
À son appel ardent l’Épouvante s’abat.
Sous sa main qui frémit, en ses desseins féroces,
Pour aider et fournir aux massacres atroces
Toute matière est arme, et tout homme soldat."

Louise Ackermann

pierre a dit…

La feuille
le vent la cueillera
comme il balaiera
le vent de la haine
hommes femmes et enfants
en route sur le chemin

Maïté/ Aliénor a dit…

la tête sous l'oreiller

il est étrange de dormir
quand tant de cris
lèvent un mur
à tous les horizons

quand la chute d'un corps
sur les pierres
fait trembler la nuit
dans ses plus hautes branches

quand l'air partout résonne
de ce silence
qui tombe avec la terre
sur les charniers

quand le soupir d'un enfant sous la lune
fait un vacarme
de fin du monde

vraiment
il se fait dans nos villes
d'étranges sommeils
en plein midi.
Jean-Pierre Siméon/ Sans frontières fixes.
(le texte et Emil Nolde, forcément ça implique des réactions).

maria-d a dit…

@ Camille ...merci fidèle Camille pour votre présence généreuse


@ Pierre...tôt ou tard oui, elle sera cueillie peut-être... mais il est toujours important et utile de résister
merci Pierre pour tes mots


@ Maïté ... merci beaucoup chère Maïté pour Siméon

en écho ceci

"Et s’ils ont peur de leur ombre
c’est qu’ils se doutent un peu
que haïr l’étranger
c’est avoir peur de soi"

Jean-Pierre Siméon


et en ligne un extrait de la magnifique interprétation
au TNP de Villeurbanne en fin d'année 2009 de Laurent Terzieff dans Philoctète de Jean-Pierre Siméon, une variation à partir de Sophocle
dirigé par Christian Schiaretti
plus de 400 ans av J-C et toujours d'actualité
n'est-ce pas ?

O a dit…

La poésie éclaire le monde, il ne faut point la taire.

merci

if6 a dit…

tu oses m'attacher
moi le désarmé...
Terzieff est extraordinaire, et c'est en vieillissant que l'on comprends je crois le plus la violence du monde ( dans sa chair et non pas seulement intellectuellement).
merci maria

Estourelle a dit…

la violence fait si peur pourtant, elle est en nous... régulée cachée souterraine. C'est une longue histoire de domination qui a commencé au début de l'humanité...Quand cela prendra-t-il fin ???...

mémoire du silence a dit…

@ O... oui, suivons l'Etoile ...



@ If6... Oui, Terzieff est extraordinaire et tout particulièrement dans ce rôle.
je pense comme toi sur ce que tu dis sur la vieillesse
merci



@ Estourelle... oui, elle fait si peur, moi elle m'horrifie et je n'arrive pas à l'admettre, à la tolérer
Autant vois-tu, j'entends et comprends l'agressivité, elle fait à mon sens partie de l'humain, elle est naturelle, voire nécessaire parce que combative... mais la violence est si abjecte, si destructrice, elle est comme tu le dis une histoire de domination, de dominant et dominé...

Maïté/ Aliénor a dit…

Merci Maria-D.
j'ai écouté avec passion. Merci.
Mais aussi

..."Mais je suis étranger
plus étranger que l'étranger
à mon pays quand il est
dur et froid comme une pierre
et fermé comme une porte
au ciel changeant des visages"...

maria-d a dit…

@ Maïté...

"je suis étranger à la beauté
qui ne s’offre qu’à son miroir
étranger à celui
qui sonne le tocsin
pour un courant d’air
étranger vraiment
plus étranger que l’étranger lui-même
au pays qui met
son blé et sa lumière
à la cave du cœur "


merci et bonne nuit

mémoire du silence a dit…

Et puis encore :

"Bienheureux les fleuves
qui n'ont pas de frontières
et bienheureux les vents
qui sautent les murailles
ils sont du pays où ils respirent

Bienheureuse la nuit
que partout on accueille
comme une amie de toujours
et bienheureux le chêne
qui partage son hasard
avec le tremble et l'églantier

Ah faites-moi un homme
comme une rivière
comme un vent comme un arbre
jouissant du droit du ciel

citoyen du songe
où son regard se pose"

Jean-Pierre Siméon / Sans frontières fixes / Ed Cheynes

à lire absolument

Maïté/ Aliénor a dit…

Absolument.
Je vois que nous avons les mêmes sources.