jeudi 19 janvier 2012

Hommage

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_______________RENCONTRE


_______________Quelqu’un t’espère à l’orée des forêts
_______________présence d’un ami dans la pénombre
_______________encore non reconnue – tu ne sais
_______________le dessein, les risques de l’aventure.
_______________Mais déjà l’envie de rompre le fil
_______________reliant au monde lucide.
_______________Nul besoin d’un savoir plus vaste,
_______________l’attrait de la mort n’est pas étranger
_______________à l’envoûtement de ton guide.

_______________Tu flotteras dans le feuillage
_______________comme un nageur paisible, un noyé,
_______________cheminant avec un invisible
_______________qui te traduis les souffles, les murmures
_______________le langage des frondaisons.

_______________Reconduit aux rives du réel –
_______________ceux qui savent lire au-dedans des êtres
_______________apercevront des phosphorescences
_______________reflets de mousse et de lichen
_______________dans un regard délivré de scories.
_______________L’inexprimé demeurera secret :

_______________tout homme meurt laissant un manuscrit caché.


_______________Pierre Etienne / les amis essentiels / les presses de Taizé … p.76 et 77





(Email : Palmier / Pierre Etienne)

6 commentaires:

Estourelle a dit…

C'est la fulgurance fragile de Pierre Etienne et j'aime tellement:

"tout homme meurt laissant un manuscrit caché"

jj dorio a dit…

ÊTRE-AU-MONDE
une voix sans personne
qui balance
entre concorde et discorde
entre clichés
et métaphores vives

ON c'est l'Homme
le grand modeleur du Vide
celui qui prend appui sur les lettres qu'il forme
avec son bâton
sinon il n'est qu'un imbécile
 
ON c'est la Femme
articulé avec le signe enfant
le pictogramme chinois
femme aimable :
digne d'être aimée
 
ON c'est l'homme et c'est la femme
deux caractères qui au mieux enfantent un alphabet
un miracle de hasards et de vibrations
au pire se déchirent
et déclinent leurs lettres mortes
 
ON les voit
marcher dans le vent dans la pluie dans le cœur du monde
puis disparaître se perdre s'équivoquer un jour de mauvaise rencontre
 
ON dit qu'il est parti ou qu'il nous a quitté
qu'elle a fermé pour toujours les yeux
qu'elle ne verra plus la belle forme d'une fleur sauvage
la mer en fête sur ses marches
ses enfants chéris et les enfants de ses enfants
 
ON dit que revenant dans nos rêves
il-elle connaît encore quelque extase
dans un prénom analogue
une cantate de Bach
une rue de l'enfance
la margelle d'un puits
 
ON c'est la femme et c'est l'homme
chassés de Paradis
et se rejoignant
 
"Là où se rejoignent les trépassés :
sur les lèvres des vivants"
Samuel Butler
 
 

J... a dit…

♥♥♥

w. a dit…

Alors se détache la beauté du poème au dernier instant

maria-d a dit…

>>>>>>>>>>> A vous tous merci

"Des mots tremblant comme des flammes
souples torses de roseaux
violents reîtres du vent

Des mots habillés de futaine
parés comme des châsses
ou dénudés par le désir

Des mots en fleurs de feu
en filaments de neige
en excédent d'extase

Des mots en battements d'artère
grelottant de fièvre
grinçant d'arthritisme

Des mots mourant au coin des lèvres
pour graver sur les tombes
pour laisser sur le sable"


Pierre Etienne / Dictionnaire / les amis essentiels

jeandler a dit…

J'aime aussi tellement
"tout homme meurt laissant un manuscrit caché "
sa part d'ombre
des mots qui s'éffaceront comme les autres