jeudi 16 août 2012

Passage







               Le passage est de sucre
               lisse       acidulé
               sans peau graineuse
               poésie de l’inconscient

                      vivre au présent

               j’ai peur de la blessure
               de cette route suintante
               en arrière des ruptures

               ô ! lymphe de mes artères
               liquide roux de mes épreuves

               je crois en cette main qui appelle
               en ce cœur qui s’étonne    douceur

               vie en morceau de celui qui s’écarte
               tragique et futile     raison rétive
               au bout de sa route cette forme famélique
               gorge serrée     voix enlisée d’inanition

               essaim d’abeilles     or des mots
               des enfants silencieux
               bénédiction du jour sans oreilles
               la lumière est pareille
                         à ces jours sans soleil





(Peinture : La lumière a lui dans les ténèbres : André Gence)


***


merci à Bernard :



9 commentaires:

camille a dit…

Lisse et rugueux
est le passage

heureuse de vous retrouver chère Maria-D
Belle journée

J... a dit…

Oui, mais................♥♥♥ ........... la lumière jaillira

http://www.youtube.com/watch?v=K1rhUgMYVec

Frederique a dit…

Un questionnement pudique qui s'élève comme une oraison.

arlette a dit…

De porte en porte
de pas en pas
J'approche enfin de la douceur
du rien devenu

Gérard Méry a dit…

Riche en sucre, calorie des mots

Patrick Lucas a dit…

ne pas avoir peur !
la route est le chemin
de sucre ou d'acide
le bout révèle le meilleur
souvent à découvrir ...

maria-d a dit…

"Je suis né troué

Il souffle un vent terrible.
Ce n’est qu’un petit trou dans ma poitrine,
Mais il y souffle un vent terrible,
Petit village de Quito, tu n’es pas pour moi.
J’ai besoin de haine, et d’envie, c’est ma santé.
Une grande ville, qu’il me faut.
Une grande consommation d’envie.
Ce n’est qu’un petit trou dans ma poitrine,
Mais il y souffle un vent terrible,
Dans le trou il y a haine (toujours), effroi aussi et impuissance,
Il y a impuissance et le vent en est dense,
Fort comme sont les tourbillons.
Casserait une aiguille d’acier,
Et ce n’est qu’un vent, un vide.
Malédiction sur toute la terre, sur toute la civilisation, sur tous les êtres à la surface de toutes les planètes, à
cause de ce vide !
Il a dit, ce monsieur le critique, que je n’avais pas de haine.
Ce vide, voilà ma réponse.
Ah ! Comme on est mal dans ma peau !
J’ai besoin de pleurer sur le pain de luxe, de la domination, et de l’amour, sur le pain de gloire qui est dehors,
J’ai besoin de regarder par le carreau de la fenêtre,
Qui est vide comme moi, qui ne prend rien du tout.
J’ai dit pleurer : non, c’est un forage à froid, qui fore, fore, inlassablement,
Comme sur une solive de hêtre deux cents générations de vers qui se sont légué cet héritage : « Fore... Fore. »
C’est à gauche, mais je ne dis pas que c’est le coeur.
Je dis trou, je ne dis pas plus, c’est de la rage et je ne peux rien.
J’ai sept ou huit sens. Un d’eux : celui du manque.
Je le touche et le palpe comme on palpe du bois.
Mais ce serait plutôt une grande forêt, de celles-là qu’on ne trouve plus en Europe depuis longtemps.
Et c’est ma vie, ma vie par le vide.
S’il disparaît, ce vide, je me cherche, je m’affole et c’est encore pis.
Je me suis bâti sur une colonne absente.
Qu’est-ce que le Christ aurait dit s’il avait été fait ainsi ?
Il y a de ces maladies, si on les guérit, à l’homme il ne reste rien,
Il meurt bientôt, il était trop tard.
Une femme peut-elle se contenter de haine ?
Alors aimez-moi, aimez-moi beaucoup et me le dites,
M’écrivez, quelqu’une de vous.
Mais qu’est-ce que c’est, ce petit être ?
Je ne l’apercevrais pas longtemps.
Ni deux cuisses ni un grand coeur ne peuvent remplir mon vide.
Ni des yeux pleins d’Angleterre et de rêve comme on dit.
Ni une voix chantante qui dirait complétude et chaleur.
Les frissons ont en moi du froid toujours prêt.
Mon vide est un grand mangeur, grand broyeur, grand annihileur.
Mon vide est ouate et silence.
Silence qui arrête tout.
Un silence d’étoiles.
Quoique ce trou soit profond, il n’a aucune forme.
Les mots ne le trouvent pas,
Barbotent autour.
J’ai toujours admiré que des gens qui se croient gens de révolution se sentissent frères.
Ils parlaient l’un de l’autre avec émotion : coulaient comme un potage.
Ce n’est pas de la haine, ça, mes amis, c’est de la gélatine.
La haine est toujours dure,
Frappe les autres,
Mais racle ainsi son homme à l’intérieur continuellement.
C’est l’envers de la haine.
Et point de remède. Point de remède."

Henri Michaux / Écuador

Bernard a dit…

http://www.youtube.com/watch?v=CvPKxRMciRs&eurl=

maria-d a dit…

Merci beaucoup Bernard
Au-delà de la beauté
c'est très intéressant
et émouvant
merci pour ce bel écho