jeudi 27 septembre 2012

La vague


                                                                            pour Frédérique






La vague roule, sans fin, elle va, elle vient. Vague de sel et d’écume, de feu et de sang, de sable, de galets, d’orange et de vert, et de bleu indigo, sur sa crête un point d’or. Nulle pierre pour arrêter sa course, sa plainte et sa souffrance, sans fin, sans lien sur le sable roulé, tassé, froissé et lessivé.
Etreinte de ses bras, de ses lèvres d’eau-mer, cœur pressé entre ses doigts de lumière. Ses rêves de poussière dans sa tête éclatée, éclaboussures, rivages aspergés de miettes de lait. Bouteille à la mer, papier à l’encre fanée, lanières vertes aux rochers accrochées.
Un cri, un envol et l’oiseau assoiffé, affamé de chair, de sacrifice. Sur la plage une trace, une marque, une ride posée sur la joue ensablée. Déferlantes des mots et des phrases engorgées, étoiles des îles sur la tranche du passé, une ombre se profile sur le dos de la vague.
Souvenir d’une enfance aux joues roses et poudrées, un éclat de la lune sur sa nuque de brume. Premier jour d’un été aux mains vierges et lactées, grand vent sur la peau retournée d’une mer bouleversée.




(Photo : Frederique Elkamili ... ici ...)

16 commentaires:

François a dit…

Et cette vague incessante qui me ramène vers vous.

versus a dit…

Une vague m'amène ici...
Bonjour et bonne journée!

jeanne a dit…

la vague
tantôt douce
tantôt déferlante
elle est comme une amante folle
elle aime la plage
les rochers
et se souvient à jamais

Estourelle a dit…

Souvenir d'enfance aussi !
le ravissement et l'extase
la poésie à fleur de sel !

jeandler a dit…

La vague enfle le vent
mon cœur a son plus haut
déborde de joie

lutin a dit…

beau texte, j'ai ressenti la lecture comme si j'étais sur un caillou comme j'aime le faire à regarder les vagues se faire et se défaire

Neo a dit…

entre les pierres brunes
léchées par le sel
résonne doucement
la voix subtile des
sirènes malaxée
tordue par la vague

PL

ulysse a dit…

Une vague sur laquelle je me suis laissé porté !

Anonyme a dit…

"Volonté et vague.

— Cette vague, avec quelle avidité elle s’approche comme s’il s’agissait d’atteindre quelque chose ! Avec quelle hâte inquiétante elle se glisse dans les replis les plus cachés de la falaise ! Elle a l’air de vouloir prévenir quelqu’un; il semble qu’il y ait là quelque chose de caché, quelque chose qui a de la valeur, une grande valeur. — Et maintenant elle revient, un peu plus lente­ment, encore toute blanche d’émotion. — Est-elle déçue ? A-t-elle trouvé ce qu’elle cherchait ? — Prend-elle cet air déçu ? — Mais déjà s’approche une autre vague, plus avide et plus sauvage encore que la première, et son âme, elle aussi, semble pleine de mystère, pleine d’envie de chercher des trésors. C’est ainsi que vivent les vagues, — c’est ainsi que nous vivons, nous qui possédons la volonté ! — je n’en dirai pas davantage. — Comment ? Vous vous méfiez de moi ? Vous m’en voulez, jolis monstres ? Crai­gnez-vous que je ne trahisse tout à fait votre secret ? Eh bien ! soyez fâchés, élevez vos corps verdâtres et dange­reux aussi haut que vous le pouvez, dressez un mur entre moi et le soleil - comme maintenant ! En vérité, il ne reste plus rien de la terre qu’un crépuscule vert et de verts éclairs. Agissez-en comme vous voudrez, impétueuses, hurlez de plaisir et de méchanceté - ou bien plongez à nouveau, versez vos émeraudes au fond du gouffre, jetez, par-dessus, vos blanches dentelles infinies de mousse et d’écume. — Je souscris à tout, car tout cela vous sied si bien, et je vous en sais infiniment gré : comment vous trahirais-je ? Car, — écoutez bien ! — je vous connais, je connais votre secret, je sais de quelle espèce vous êtes ! Vous et moi, nous sommes d’une même espèce ! - Vous et moi, nous avons un même secret !"
(Nietzsche, Le gai savoir)

mémoire du silence a dit…

@ François ...

Qu’elle revienne sans fin cette vague qui vous amène !



@ versus ...

Merci pour votre visite… la vague qui vous a mené jusqu’ici vient du même « océan - mer » n’est-ce pas ?



@ jeanne ...

La plus belle
la plus folle
des amante
celle qui vous laisse une empreinte
à tout jamais indélébile



@ Estourelle ...

Et l’émotion au cœur d’écume ;-)



@ jeandler ...

Joie et débordement
le cœur de la vague
se donne au vent



@ lutin...

Tout en se laissant porter, rouler, brasser et embrasser



@ Neo ...

Ces longues femmes vertes aux voix ensorceleuses



@ ulysse ...

Sur le radeau d’Ulysse



@ Anonyme ...

« N'est-ce pas une chose extrêmement plaisante que de voir les philosophes les plus sérieux, si sévères qu'ils soient le reste du temps avec toute certitude, en appeler sans cesse à des sentences de poètes pour assurer force et crédibilité à leur pensée ? »

du même Nietzsche

Anonyme a dit…

"(...)et pourtant il est plus dangereux pour une idée d’être approuvée par les poètes que d’être contredite par eux ! Car, comme dit Homère : « Les poètes mentent beaucoup ! »"*

(Le gai savoir, de l'origine de la poésie, livre 2)

*suite et fin du texte que vous citez.

maria-d a dit…

Les poètes ne mentent pas, ils subliment.

merci pour cet échange anonyme.

J... a dit…

Enfance en allée
la mère bouleversée

♥♥♥

tu écris beau

♥♥♥

maria-d a dit…

abrazito ♥

Gérard Méry a dit…

....c'est vague disait l'aède "eau-mer "

Frederique a dit…

Tu dis tout.