vendredi 7 décembre 2012

Verbe






Peindre et se taire, se laisser glisser dans le silence, se tordre, se perdre et mouiller le papier, la toile immaculée, la lumière du mystère. Peindre et surprendre le blanc, le déchirer, et l’inventer.   Réinventer.

Triturer la couleur, la matière, la gifler, la saigner. Rouge les lèvres, la déchirure qui brûle le lin. Rouge. Saigner, frapper le cœur, le poignarder, coup de couteau, coup de griffes et de dents, déchiqueter et dépecer. Les os brisés, nettoyés, rongés. Le coup au cœur.   Ressusciter.

Désert blanc, sur la grande toile, un cri, une bavure, crachat de sang, sillon de larmes, paysage blanc. Enfance au goût de lait, sucrée, salée, talquée ... poudre colorée, enfance blanche et rapiécée.   Aimer.

Peindre et se blesser, mourir de froid, de faim, d’envie… souffrir et puis aimer le silence blanc, la toile, la trame, ce goût de lait inespéré. Nature, visages et traces noires, taches de lait, d’encre et de sang.   Recommencer.

Amants, frères de sang, et de salive, et de vin doux. Peindre et lutter, lutter sans fin, un corps à corps de chaque instant, ne faire qu’un entre ses mains, entre ses reins, entre ses seins. Peindre comme faire l’amour, un éternel recommencement.

Sublimation.




(Peinture : maria-d)

12 commentaires:

Alain Gojosso a dit…

Oui. Jusqu'au bout de soi-même.

Bien à vous

enniop a dit…

Ah c´est toujours toi que l´on blesse
C´est toujours ton miroir brisé
Mon pauvre bonheur, ma faiblesse
Toi qu´on insulte et qu´on délaisse
Dans toute chair martyrisée

Aimer à perdre la raison

aimer

François a dit…

"le verbe se fit chair"
la pensée prend corps
en une énergie créatrice
Tout est histoire d'AMOUR
et de SUBLIMATION

Vos mots disent à la perfection votre acte créateur.

ulysse a dit…

peindre pour se trouver, pour se guérir ...ou écrire car les mots et les couleurs sont interchangeables...

Bernard a dit…

Âmatrice
___________offrande carminée

Il est des lèvres vives
source du baume ardent

___________sève noire du désir
aux replis basanés

griffures en
silhouettes

se figent à l'orée
___________s'éprennent de lumière
à peine être nées

Où sourd l'ombre secrète
_________________s'abîme le calÂme

O a dit…

Sigaô
siôpaô
sileo

la puissance du verbe
et du silence

Peindre : se taire et se glisser dans le silence

lutin a dit…

peindre et aimer les odeurs, le nez rempli d'espoir, sentir ce piquotement de la chair, gratter la toile comme chatouille l'éternuement, éclabousser les couleurs au rythme de sa respiration

Jean a dit…

"...Peindre et se taire, se laisser glisser dans le silence, se tordre, se perdre et mouiller le papier, la toile immaculée, la lumière du mystère...."

En fait , il y a une grande parenté , non seulement dans la créativité d'arts différents , mais dans la recherche passionnée d'un absolu qui se cache derrière l'apparence de tout ce que l'on voit .
En utilisant , dans chaque cas , l'intensité du silence .

maria-d a dit…

@ Alain Gojosso ...

Jusqu'au bout de soi-même… extirper la matière.



@ enniop...

Aimer ne suffit pas … il faut le sublimer



@ François ...

Oui, nous sommes au diapason… merci



@ ulysse ...

les mots et les couleurs, si nous les laissons respirer parlent mieux que nous même



@ Bernard ...
merci pour ces beaux mots de l’Âme,
c’est très beau… en écho :

Matrice cerise
______________ enluminure

bouche de chair
fleuve de sang

______________ puissance du désir
pliure de suie

blessures en
filigrane

se coagulent en lisière
______________ du ciel
autre lumière


où suinte le mystère
______________ abysses de la Terre





@ O ...
Du grec au latin la puissance est le verbe en silence abyssal




@ lutin ...

Peindre, aimer, une histoire des sens en éveil



@ Jean ...

Créer par quelque moyen que ce soit est une recherche d’absolu, la route est longue et silencieuse… l’aboutissement une preuve d’Amour…

Jean a dit…

"...l’aboutissement une preuve d’Amour…"
Oui , mais on laisse des plumes en chemin !
Mais le but en vaut la peine !

maria-d a dit…

Certes on y perd des plumes, là est le risque,,, mais sans risque notre vie serait bien fade... la facilité n'a jamais fait progresser l'homme...
Bonne soirée Jean.

Fredreirque a dit…

J'arrive, en retard. Je retiens la "sublimation".