vendredi 25 novembre 2011

Automne

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Le ciel tremble sous son linceul, et l’obscurité enveloppe l’horizon, fronces et froissés rehaussent la tenture, mince couture assemblant les deux rives. Le grand fleuve s’anime, corps souple et gracile, à la peau ridée, frémissante sous le baiser de l’air. Les oiseaux luisent et s’étirent, gonflent leurs plumes et de leur bec clouent les feuilles à terre.

Vers les collines le soleil s’effondre, et la lumière pleut sur les cailloux de l’ombre. Le bruit des herbes dissipe le silence, miettes d’écume, lueurs d’espoir, chuchotis du soir et danse des étourneaux.

Aux lisières de la ville, le temps est en attente, la graine va éclore et la nuit bat des cils. Les mots s’accrochent aux branches et s’arment de brindilles, l’automne est une douceur qui nous griffe la nuque et nous pétrit le cœur.

L’automne est un linceul d’ocre et de lumière, un suaire végétal qui embaume mon œil.








(Peinture : Souvenir de Mortefontaine / Jean-Baptiste Camille Corot)

11 commentaires:

jeanne a dit…

j'aime
j'aime cet automne là
le silence des feuilles
quand
à la fin elle tombent
tapis de lumière

camille a dit…

Mélancolie et beauté, un bruissement d'aile, un châle d'ocre qui réchauffe le coeur.

merci c'est très beau

Estourelle a dit…

C'est avec ces tableaux que je sens l'envie d'entrer dans leur lumière dans leur brume c'est vrai l'automne fait aussi cet effet là, nostalgie mêlée à un joie douce un ressenti de l'éphémère.. et tu le dis si bien...Merci...

pierre a dit…

"La lumière pleut sur les cailloux de l'ombre..."
longtemps après le coucher du soleil
cette lumière restera accrochée aux gouttes de rosée et illuminera la nuit.

J... a dit…

j'♥♥♥

pierre.b a dit…

Vagues de froid et ses ombres de couleurs...les feuilles d'or sur un sol de douceur...sous le ciel et les temps des humeurs...le goût des larmes sous les saules pleureurs...C'est l'automne et ses toiles de lumière...qui se posent dans le creux des clairières...lueurs d'espoir et séance en plein air.. tendresse à la lisière...

Maïté/ Aliénor a dit…

Linceul et suaire s'enfonceront sous terre avec la bénédiction de la brume et du givre mais un jour pétillera le temps et la lumière viendra éclore entre nos mains.

Corinne a dit…

Fremissement argentés de l'automne.
Larmes de lumière
Voile de brume scintillante sur le coeur

maria-d a dit…

@ jeanne…

Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent.
Et le vent balance la feuille
Juste au-dessus de l’écureuil ;
Le vent attend, pour la poser
Légèrement sur la bruyère,
Que l’écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.

Maurice Carême



@ camille …

L'automne sur les ailes des oiseaux
couleur de feuille et de forêt qui meurt
une tendre rousseur
une braise qui s'avive
dans un lambeau de vent arraché à l'automne
et les ailes qui volent
avec les ailes délivrées.
Le temps s'achève dans un orage clair.
Un seul mouvement qui arrive
une seule liberté
feuilles et plumes fondues dans l'air
flammes qui descendent
envol sur les terrasses du soir.
Un seul envol d'automne et de cendres
une submergeante lumière.

Jean Mambrino




@ Estourelle…

C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.
Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L’érable à sa feuille de sang.
Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées ;
Mais ce n’est pas l’hiver encore.
Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l’air tout rose,
On croirait qu’il neige de l’or.

François Coppée




@ pierre…

Matins frileux
Le vent se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.

Émile Verhaeren




@ J... …

Feuille rousse, feuille folle
Tourne, tourne, tourne et vole !
Tu voltiges au vent léger
Comme un oiseau apeuré.
Feuille rousse, feuille folle !
Sur le chemin de l’école,
J’ai rempli tout mon panier
Des jolies feuilles du sentier.
Feuille rousse, feuille folle !
Dans le vent qui vole, vole,
J’ai cueilli pour mon cahier
La feuille rousse qui dansait.

Luce FILLOL

maria-d a dit…

@ pierre.b …

Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !

On voit s'ouvrir les fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor :
Le dahlia met sa cocarde
Et le souci sa toque d'or.

La pluie au bassin fait des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules :
Voici l'hiver, voici le froid !

Elles s'assemblent par centaines,
Se concertant pour le départ.
L'une dit : " Oh ! que dans Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart !

" Tous les ans j'y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon. "

L'autre : " J'ai ma petite chambre
A Smyrne, au plafond d'un café.
Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre
Sur le seuil d'un rayon chauffé.

" J'entre et je sors, accoutumée
Aux blondes vapeurs des chibouchs,
Et parmi les flots de fumée,
Je rase turbans et tarbouchs. "

Celle-ci : " J'habite un triglyphe
Au fronton d'un temple, à Balbeck.
Je m'y suspends avec ma griffe
Sur mes petits au large bec. "

Celle-là : " Voici mon adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s'y dresse
Au chapiteau des noirs piliers. "

La cinquième : " Je ferai halte,
Car l'âge m'alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de Malte,
Entre l'eau bleue et le ciel bleu. "

La sixième : " Qu'on est à l'aise
Au Caire, en haut des minarets !
J'empâte un ornement de glaise,
Et mes quartiers d'hiver sont prêts. "

" A la seconde cataracte,
Fait la dernière, j'ai mon nid ;
J'en ai noté la place exacte,
Dans le pschent d'un roi de granit. "

Toutes : " Demain combien de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs, mers bleues
Brodant d'écume leur bassin ! "

Avec cris et battements d'ailes,
Sur la moulure aux bords étroits,
Ainsi jasent les hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.

Je comprends tout ce qu'elles disent,
Car le poète est un oiseau ;
Mais, captif ses élans se brisent
Contre un invisible réseau !

Des ailes ! des ailes ! des ailes !
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler, là-bas avec elles
Au soleil d'or, au printemps vert !

Théophile Gautier




@ Maïté…

Les nuages sont revenus,
Et la treille qu’on a saignée
Tord ses longs bras maigres et nus
Sur la muraille renfrognée.
La brume a terni les blancheurs
Et cassé les fils de la vierge ;
Et le vol des martins-pêcheurs
Ne frissonne plus sur la berge.
Les arbres se sont rabougris,
La chaumière ferme sa porte,
Et le joli papillon gris
A fait place à la feuille morte.
Plus de nénuphars sur l’étang ;
L’herbe languit, l’insecte râle,
Et l’hirondelle, en sanglotant,
Disparaît à l’horizon pâle.

Maurice Rollinat




@ Corinne …

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure.
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine




>>>>>> merci à vous tous et beau dimanche

jeanne a dit…

ah Maria
tu m'impressionnes
merci pour les mots de m carème
et sourire du matin qui se lève