... à un texte de Michel Chalandon
Sous et sous.
" Sous la houle, sous
la pluie, le bruit cesse, nous sommes perdus et en attente, sous le reste, sous
les phrases, les mots un à un, sous le dire et le faire. On fabrique, on
construit, on se lance sans effroi, sans rien entre le cœur et les poches, sur
le banc de pierre et les remous. La pluie coule et recommence.
Berceur, bercé par les rides et
les saisons sans faire, sans construction, on figure, on échange, on rencontre
la pluie. La pluie et rien n’en vient, ils sont rentrés, il a plu. Il a pleuré
et il languit sous l’orage, sous le temps, il passe, il est abrité sans rien
devant, la pluie et sur le côté, le souffle, et le souffle.
Appliqué à la vie rentrée, à la pluie
posée, au rire, aux riens, à la rive engloutie la mer a gagné la partie, le
vent, l’orage ils sont rentrés, ils ont fuit. L’orage à couvert, dans la
chambre en haut, en haut de l’escalier, de l’escalier, sous et là, et là, ils
se cherchent et on trouve, on est reposé, ô disposé.
Sous le
vent, sous l’orage, ils, et ils partent, ils portent, la vérité, la pluie une
évidence, le chaud, la fraîcheur, il viendra bien, il viendra bien le feu. Les
buches flambent, flambent, il est au devant, il porte au côté des histoires de
marais délaissés, d’enfants partis et trouvés noyés aux écrevisses,
enrobés de grillages, dévorés, perdus, défaits, défaits,
ils sont à la chambre en haut, en haut l’escalier, ils soufflent, ils
soufflent, ils commencent et on se défait, on le refait. Tout est au pays, tout
est au temps, ils se perdent, ils se recommencent, ils se vivent et ouvrent le
temps.
Et à perdre et à gagner, le souffle sans fin, la vie sans
barrière, les charges et en ballots, la paille, la paille sous la tête, sans
fils, du silence et du vide dans la chambre, la pluie, la pluie, ils battent le
drap, le drap, sans rien au parquet et plus de poussière, plus de grains, et le
sable aux coudes
et le chemin oublié, la pluie
rentrée, la chaleur partie. Les yeux tournent, ils se ramassent et ils
oublient, le but, la fin, les victoires et la guerre, tout est défait, les
bras, les mains, les yeux, ils sont perdus et hagards, temps de cerises et de
fureur, une plaie, une plaie ouverte, sur le parquet. Et oh, on grince,
on grince, tout est perdu, tout est à perdre, la vie,
l’errance, la rumeur, les choses drôles, les raretés, la poussière sous le lit.
Le parquet grince, la vie errante, errante, le temps, les fruits mûrs, les
oreilles ouvertes, la pluie en ce refuge, sous le toit, les tuiles et le
souvenir, et le ciel bleu pâle, pâle.
Ils avaient laissé les doigts au
montant de la porte et tout est parti et tout est revenu, ils se penchent, ils
encombrent les nuages et les souvenirs, la vie simple et tranquille, le linge
plié, les voiles tendus, détendus, posés, reposés. Il est temps, il est
l’heure. Nous sommes, et nous y sommes, le temps
venu est compté, ils se glissent,
ils se glissent sous la houle, sous la pluie, sous le souvenir, temps de fruits
et temps de fraîcheur, la pluie, la pluie sur le refuge en haut de l’escalier,
les doigts laissés au montant de la porte, le chemin seul, la route laissée,
les ombres abandonnées. Les oiseaux
sous les branches, les oiseaux dans le cœur, sans repos,
sans trêve, est-ce une guerre, est-ce un combat tout tourne et tout tremble, la
pluie, la pluie et l’orage, ils sont rentrés, ils y pensent, il y sont, en
haut, en haut de l’escalier, plus d’effroi, plus d’alarmes, le calme, le repos
dans la respiration
silencieuse, temps passé sous les branches à regarder les oiseaux. "
08 Août 2011.
(Encres : maria-d)
6 commentaires:
dessins aussi beaux que le texte
Quelle fluidité
Quelle beauté assemblée
Merveilleuse lecture
Belle journée chère Maria-D
Complémentarité.
Le dessin avec du rouge à sa base, mon préféré
Ô !
un coeur disposé
amour phileo
c'est très beau
ah tes dessins maria
j'aime j'aime
cette légèreté
cet envol
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