lundi 17 décembre 2012

Résonance à tisser




Nous sommes la trame silencieuse de la vie en sursis.
Le souffle est de reprise, bleue est sa chair, et son ciel est  enclin au désir, regard des ramures à la pâle figure. Lenteur des obédiences et absence des cœurs,  fatigue et corps en résonance.
Au commencement, les yeux du doute, en pleine mer, les mots voguent et frétillent, pierres de lune et des flots… longues chevelures, et fils de brume que tissent les écumes. Le lien est de raison et de poussière claire, une barrière de corail là-bas au bout des  lames.
Au plus loin des étoiles, le mystère, un appel, un souffle silencieux au revers des entailles. Tout est là et se pose, la vie et le reste, toutes ces petites choses qui ne nous disent rien. Berceuses des sensibles et cordes de la rime.
Aux griffes des nuages s’accrochent les couleurs, le vent et ses ramages, les cailloux verts des plages qui roulent en chantant. Le tissu de la page, la trame du vivant et toute cette lenteur qui remonte des grèves.
Le temps est discourtois, il nous échappe sans cesse entre nos doigts de paille. Le souffle est incertain, il va, il vient, il est enfant chétif, orphelin des grandes histoires d’absences. Fleurs de vie prises au piège des filets de la mort, cette longue sirène à la peau de serpent.
Vivre est un poème, une épreuve herculéenne, une respiration, un silence aux yeux sans fond.
La lumière l’enfante, elle lui donne le sein, lait du ciel, de la terre le pain. La vie est une rebelle, une belle gitane, libre et fragile qui danse les pieds nus et que l’on condamne sans aucune oraison.
Bouche ouverte, cœur en croix, le silence est roi. A chaque coin du drap une pâle lueur, la trame de la route qui s’use sous nos pas, un froissé, une peur et la pluie du rosier, corolles silencieuses sur l’eau calme et troublée.
Le silence respire, une ride, un drapé, une vie est passée.





(Peinture : "Bagni Fontana ...a Joice a Trieste"Giuseppe Zoppi)

19 commentaires:

Bernard a dit…

Âlma

Silenciosa

Como cantas bien

^^^^¨^^^

François a dit…

Un texte magnifique, d'une grande spiritualité, qui s'élève comme une prière. On y perçoit le chagrin et un grand amour de la vie, cette vie qui n'est rien et cependant nous prépare à l'absolu.
"corolles silencieuses sur l’eau calme et troublée" comme une cérémonie funéraire indoue
"le silence respire" la vie est là, dans ce drapé. Une naissance au ciel.

merci infiniment.

Neyde a dit…

Vivre est un poème, une épreuve herculéenne, une respiration, un silence aux yeux sans fond.

Me gustam mucho tus palabras, mi amiga.

Viver é um poema, uma prova hercúlea,. uma respiração, um silêncio ...

Gérard Méry a dit…

" Le temps est discourtois, il nous échappe sans cesse entre nos doigts de paille " que c'est beau !

Alain Gojosso a dit…

Oui ! Continuons de tisser et ce, même si le vent d'une main impassible balaie la toile du temps, la toile de notre temps si insignifiant qu'il met au signifié de sa composition à faire le vif vent...

Bien à vous et toujours au plaisir de vous lire.

Anonyme a dit…

La vie est un poème et le poème est la vie, les mots vous devancent sur le papier et disent l'indicible...!!

Jean a dit…

Quel beau texte !
Vous avez le sens de l'image !
Vous respirez la poésie !
Un seul regret : un peu trop de tristesse , de fatalisme .
Oui , souvent les épreuves semblent injustes , pénibles , mais il y a tant de moments gratuits , riches , pleins , ne serait ce qu'un lever de soleil à la campagne en été !

Frederique a dit…

Un texte "difficile", dirai-je mystique... mais qui suscite la méditation.

maria-d a dit…

@ Bernard …

;-) Alma bonita ;-)



@ François ...

Vous me dites beaucoup de belles et bonnes choses, je les prends et les gardes en moi, en mon coeur, une belle offrande.



@ Neyde ...

« Viver é um poema, uma prova hercúlea,. uma respiração, um silêncio ... »

Merci chère Neyde pour cette traduction, j’aime quand il y a des échos, des résonances… merci

abrazo



@ Gérard...

Merci Gérard



@ Alain Gojosso…

"Ami, ne désespère pas
Le jour viendra, le jour viendra
Ami, ne désespère pas"

JR Caussimon




@ Anonyme …

les mots sont plus rapides que le vent... ;-)



@ Jean…

Et en hiver Jean… en hiver aussi…
Les soleils d’hiver sont si merveilleux...
La tristesse est parfois si belle.

Merci pour vos mots, dire que je respire la poésie me touche infiniment , car les doutes sont grands(je ne vais pas faire de fausse modestie) ça fait plaisir


@ Frederique...

Mystique, méditation... des mots qui longtemps m'ont poursuivi, sans que je sache qu'ils m'habitaient... aujourd'hui je crois que je sais...




>>>>>>>>> Grand merci à vous pour vos mots, vos passages et appréciations...

enniop a dit…

vie
sursis
tissent
vie
disent
griffes
silence
vie
silence
vie

ci git
m'agit
magie
vie

vous êtes une magicienne de la couleur des mots ...

Bernard a dit…

Je
parmi Nous
tel Vie sans défaut
Soupire.

Il incline le Ciel:
bleu Regard
son Envie.

A la feuille visage
Il teint l'écho furtif,
le passage immobile,
opaline distance,
le battement sans fin.

κ α ρ δ ι ̓ α
Germe Verbe,
Vision sans l'ombre.

A l'Initié, le long voyage, le plus au large.
Vagues d'esprit,
la proue enfante
les reflets d'albe,
ponces lègères,
plumes du vent.

Tresse des jours et des lumières,
le sable coule
du grand récif
en épousaille.

L'âme
en chemin l'astre scintille.
L'étonnement lui Seul l'enchante;
Tout le Secret, un paradis.

S'écrire à marcher,
promenade sans fin
au miroir nu de l'onde,
à l'heure frissonnante.

A deux mains
Entrelac
Claire-Voie
filtre l'essaim des mots,
La robe d'air du temps,
l'aube écorce muette.

Indocile acrobate
Elle s'endort.
Creux de soie,
La fleur déshabillée.

Sans cesse une prière, s'élance, virevolte. S'élève et se déploie.

Un mime au bout des lèvres, amour, l'amie, l'émoi.

Bourrache a dit…

-
Très, très bô-bô
... glaçant et magnifique dans sa réalité.
-

Bourrache a dit…

-
http://www.youtube.com/watch?v=AirbfEATUlA
-

^_^

-

maria-d a dit…

@ enniop …

On me souffle les mots et je les assemble avec ce souffle…
Il n’y a aucune magie … peut-être une adéquation … peut-être

Merci pour votre écho léger et sensible une petite pluie de nuit,,, j’aime




@ Bernard …

Un bis … j’en suis ravie et je résonne…


Lui
ici en Nous
perfection
Animus.

Je
m’ouvre au ciel
œil azur
mon Désir.

Image rivage
rumeurs ténébreuses
voyage immobile
voie lactée
souffle léger


εὕρηκα
Lumière du Cœur
Illusion du mystère

Au Disciple, le cheminement, l’ouverture
L’Âme de la fleur
devant le songe
Albe-la-Longue
abrases d’Horaces
sourire de plume.

Cheveux du jour or des enfants
fleuve de lumière
et des brisants
en fiançailles

Souffle divin
chemin du ciel
éblouissement des grands espaces
Secret de l’aube.

Ecrire la marche
sous le linceul
psyché dépouillée du verbe
source première

Entre leurs mains
Enlacements
Nasse d’Amour
filtre magique
et cheveu d’or
gorge serrée mots désirés.

Rebelle équilibriste
Il s’éveille
Bras en croix
Le cœur défait

Une oraison, une raison, ruban de soie vers l’Eternel
Baiser du bout des lèvres, amour, l’ami, le désarroi.




@ Bourrache …

Vous avez dit « bô-bô » et non « bobo » ;-)) je respire... ;-)
Merci beaucoup Bourrache pour ton bis funambule

jeanne a dit…

tes mots en image
tes mots en couleur
et le temps me griffe

michel, à franquevaux. a dit…

Il me semblait, bien,
mais cet été là est déjà loin !

maria-d a dit…

@ Jeanne...
griffure docile ;-)


@ michel de franquevaux...

Tout est loin , alors... ...

sido a dit…

Que dire ici qui ne rompe le charme de cette lecture ! Charme que je ressens comme une sorte d'envoutement par la richesse des images, les mots, qui échappent aux banales réalités sans pour autant les nier, tout l'art d'un style inimitable, foisonnant, poétique, qui en filigrane exprime les contradictions des sentiments humains.

maria-d a dit…

Merci beaucoup Sido pour cette fine analyse

Belle fin de semaine
et belles fêtes en préparation