mercredi 29 février 2012

La voix [3]

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_______________Une voix lointaine 

_______________flotte sur l’étang 

_______________je la vois qui s’éclipse 

_______________et se glisse dans l’eau 

_______________déchire la lumière 

_______________de l’onde et puis se noie 

_______________trou noir de l’absence 

_______________et réelle présence 

_______________dans cette toile de maitre 

_______________craquelure et mémoire 

_______________douceur suggérée 

_______________dans cette eau apaisée





(Aquarelle : Des rives et des sentiments [détail] / Georges Kulik)

lundi 27 février 2012

La voix [2]

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_______________La voix s’est éteinte comme la feuille tombée
_______________écriture des étoiles dans la tasse de lait
_______________les mots se sont noyés
_______________triste est le réveil de ce livre qui se tait
_______________quelques mots sur la paume de la nuit terminée
_______________un baiser sur les lèvres du jour recommencé
_______________un mot un sourire sur la peau désirée





(Peinture : Livre de brouillon / Yahne le Toumelin )

dimanche 26 février 2012

.. .'....

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" J'assume les raisons qui nous poussent de changer tout
(...)
Je veux les portes grandement ouvertes "


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samedi 25 février 2012

La voix [1]

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_______________La voix de l’âme s’accroche
_______________au rythme de son cœur
_______________un cri _ un pleur _ un doigt sur la trame
_______________et un point sur le côté
_______________gauche

_______________fenêtre ouverte
_______________sur la plaine offerte
_______________généreuse _ nourricière
_______________grappes de fruits rouges
_______________sur le cou des orages
_______________cailloux _ herbes et ronces
_______________au creux de son épaule
_______________nue
_______________secret des vertiges
_______________et tiges qui se brisent
_______________matins de nacre pliés aux aurores mouillées

_______________elle marche la dormeuse
_______________sur les draps de la chair
_______________ruisseau et rêve de pierre
_______________poème solitaire et l’adieu aux oiseaux
_______________qui babillent sur le fil
_______________petits crissements de vie
_______________colorés de la pluie

_______________une main
_______________une averse
_______________un baiser qui se tend
_______________une porte entrouverte
_______________et la marque du temps
_______________dans cette voix qui s’éveille
_______________qui se lève en chantant
_______________dans le berceau de feuilles
_______________une gorge de lait pour un cœur incisé
_______________un lange qui se froisse
_______________une voix qui se tait
_______________dans un silence épais

_______________rien à faire
_______________rien à dire
_______________rien à prendre
_______________et se fendre
_______________d’un sourire de l’ange
_______________et d’un geste du tendre









(Peinture : Ne rien faire / Yahne le Toumelin)

jeudi 23 février 2012

Rouge et noire la fourmi

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____________________Rouge et noire la fourmi
____________________sous la pluie
____________________elle avance et se verse
____________________sous la goutte d’eau verte

____________________Elle revient et repart
____________________et s’accroche à la terre
____________________au brin d’herbe
____________________à l’étoile
____________________à la miette de sable

____________________Noire et rapide
____________________elle se grise
____________________elle se brise
____________________rouge la langue
____________________qui lèche les oranges
____________________et l’épine
____________________du pain noir
____________________à la bouche du mendiant

____________________Sous l’arbre
____________________la racine s’échine
____________________et rampe entre les doigts
____________________de la mort aux dents longues
____________________qui rit jaune sous le masque

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____________________Pas à pas
____________________et dans l’ombre
____________________petite fourmi s’allonge
____________________et gratte
____________________et s’étire
____________________et revient sur ses pas
____________________elle porte le fardeau de ses os
____________________de son toit
____________________une brisure de pétale
____________________un parfum des étoiles

____________________Sous la pluie
____________________et l’eau verte
____________________sa tête s’est ouverte
____________________et sa pensée s’en va




(Dessin de Bronwyn Bancroft / illustration extraite du livre : « Sur les traces de la fourmi à miel / peintres aborigènes d’Australie)

mardi 21 février 2012

Il est ils

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____________________Il est la démesure

____________________la vie déraisonnée

____________________la mort insoupçonnée

____________________le revers du secret

____________________Il est les autres __ dressés sur le chemin

____________________le cœur ébouriffé

____________________la tache rouge de l'humain

____________________l’encre d’une pierre brisée

____________________sur le rebord du pied



____________________Il est l’insoupçonné

____________________il est l’irrévocable

____________________une graine arrachée

____________________au vent noir des sables





(Dessin : Il est ils / maria-d)

dimanche 19 février 2012

Un bec d'hirondelle

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_____Un bec d’hirondelle à ses doigts aiguisés
_____et un œil entrouvert sous son front allumé

_____à ses lèvres humides une fraise oubliée
_____quatre gouttes de miel en forme de baiser

_____au creux de son cou un papillon de nuit
_____qui se cogne la tête aux portes de l’ennui

_____un cri de douleur lui empoigne le cœur
_____et le jette en morceaux en dehors du lit

_____l’ombre de la lune s’accroche aux rideaux
_____encre de la nuit qui s’écoule en ruisseau

_____dans son œil qui tombe une larme de lait
_____une perle nacrée qui se perd dans sa nuit

_____ses cils sont de résille et battent la chamade
_____il s’accroche il espère dans le noir qui le serre

_____dans son visage pâle la lucarne de ses yeux
_____d’où suinte faiblement une lumière sans tain

_____un doux chuchotement lui caresse l’oreille
_____une voix qui lui dit les plissures du réveil

_____la voix de son enfance à l’avenir si clair
_____il lui reste la pensée cette fleur négligée

_____à ses doigts aiguisés quelques plumes fripées
_____le cri de l’hirondelle dans le ciel en allée





(Collage : maria-d)

vendredi 17 février 2012

Perle

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_________________________Déchirure
_________________________du ciel
_________________________à cet instant
_________________________bleu
_________________________où le jour s’ouvre
_________________________le cœur en feu
_________________________la bouche
_________________________appelle le fil de l’ombre
_________________________et l’eau
_________________________d’émeraude
_________________________au coin des yeux

_________________________un point
_________________________de perle

_________________________heureux





(Dessin : maria-d)

mercredi 15 février 2012

Neige

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_______________Dans le sous-bois
_______________des branches mortes
_______________griffures des arbres
_______________et peau de mousse

_______________Hiver de braise
_______________et de pain rance
_______________la neige assiège
_______________les branches mortes






(Photo : C. Desneux [Ulysse] ... son blog ICI)

lundi 13 février 2012

Couvre-moi

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_______________Couvre-moi du manteau
_______________de la neige
_______________pour que mon corps
_______________se réchauffe de mots anciens

_______________Le froid est une image
_______________qui me revient
_______________des chemins de l’enfance

_______________Cette source de gel
_______________où dormait
_______________la dame des glaces





(Photo : C. Desneux [Ulysse] ... son blog ICI)

dimanche 12 février 2012

La fragilité

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« Ce que je fais est si fragile. C’est le contraire de la statuaire faite pour durer. Cette éternité, je la cherche dans le gris, dans la fracture, ce qui reste après la cuisson. Pendant le travail de modelage, alors que l’argile est humide et malléable, je sais que cela va bouger. Avec les années, j’ai appris à compter sur l’effet de dessiccation. Ce phénomène est partie de mon travail de modeleur. C’est un piège tendu au temps qui passe et qui laissera les traces que je prévois. Cet avenir de la sculpture ne m’est pas inconnu. Je suis comme le braconnier qui tend ses filets, ses lacets tout autour de la terre. J’ai aussi, à l’aide d’un lacet, d’un torchon, serré ces pièces encore fraîches et quelquefois embrassé de tout mon corps l’objet de mon désir, la sculpture. »


Georges Jeanclos / extrait du catalogue d’exposition / TERRES CUITES du 10 mai au 9 juin 1996 (LARC scène nationale Le Creusot)





_____« Larmes du souvenir
_____sang de l’écoute
_____Chamor et Zahor juif
_____vous tintez à mes oreilles.
_____Je touche ma joue,
_____sous la chair, la mâchoire et les dents.
_____Que deviendra ma langue mutilée,
_____vers quelle souffrance je vais ?
_____J’ai peur, comme les héros torturés,
_____de ne pas tenir le coup.
_____Pourrais-je dans le futur
_____imprimer dans la terre, l’angoisse,
_____modeler dans l’argile, ma peur
_____ou la joie d’un renouveau ?
_____Si cela est le prix à payer
_____pour un autre canaan,
_____une œuvre nouvelle,
_____je règle comme Samson
_____de ma mâchoire même. »



Georges Jeanclos / extrait du catalogue d’exposition / TERRES CUITES du 10 mai au 9 juin 1996 (LARC scène nationale Le Creusot)










(Sculpture n°1 : La déposition. 1993 / Georges Jeanclos
Sculpture n°2 : Esquisse au mémorial de Guerry. 1994 / Georges Jeanclos)

samedi 11 février 2012

La main, le cœur, la lèvre

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Une pierre jetée
au clair du crime

bel assassin
au jour pâli

la lune est rousse
aux yeux de sucre

la canne est blanche
sous le caillou

la main se froisse
le cœur respire

lèvres baisées
au vent parfait








(Sculpture : Barque St Julien pauvre / Georges Jeanclos)

jeudi 9 février 2012

à Elle ...

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__________Sa Mort
__________a posé un doigt d'ombre sur ma _ VIE

__________et mon œil de vitre a embrassé
_________ sa bouche de neige et de froid

__________Je sais sa présence éternelle __ ICI
__________au point rouge qui gorge ma poitrine

__________Elle _ _ Moi _ _ le silence et le blanc
__________deux oiseaux de lumière qui se lissent les ailes






« Je n’ai tout perdu que deux fois,

Et les pertes furent mises en terre.
Deux fois j’ai été une mendiante
Devant la porte de Dieu !


Les Anges – descendant deux fois
Ont regarni mes rayons –
Voleur ! Banquier – Père !
Je suis pauvre une fois de plus ! »


Emily Dickinson / Lieu-dit l’éternité … p. 21
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mercredi 8 février 2012

Où sont-ils ?

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__________
__________sont-ils ces chers disparus ?


__________Parfois une lueur vive
__________me les ramène aux portes de mes rêves


__________Alors,
__________je tente de les saisir

__________mais par enchantement
__________ils s’échappent d’entre mes mains illusoires


__________Ô !
__________chers disparus
__________partis dans les limbes du néant

__________mon cœur reste scellé
__________à votre âme en allée









(Peinture : Figures Craning their Necks / Emil Nolde)

mardi 7 février 2012

Antoni Tàpies

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_______________
a tiré sa révérence...






« Tàpies ne représente pas, ne démontre pas, ne manifeste pas ; il peint, même si ce faisant – et pourquoi pas ? – il représente, démontre ou manifeste. Ce qu’il nous donne à voir d’abord n’est ni ce pichet, ni ce corps, ni cet oiseau, mais la toile grenue, le bois amoureux de l’encre où se lit – mais presque comme par inadvertance – la silhouette en négatif d’une baignoire, le carton ou le papier du boucher, la labilité de son vernis, la profondeur de son noir, l’éclat, ici et là, d’un rouge, comme l’accent clair d’une trompette perçant la masse orchestrale. »

Jean Frémon / Antoni Tàpies (La substance et les accidents) / edts Unes … p.43







" Peu d'humains
Une feuille tombe ici
Une autre là. "


Issa




(Peintures : Peu Roig
_________From "U No Es Ningu " : Cercle / Antoni Tàpies )

lundi 6 février 2012

Nuit rouge

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_______________Dans
_______________cette nuit de folie
_______________où tinte la cloche
_______________pas de mots inscrits
_______________pas de pages noircies

_______________ils se frottent aux orties
_______________et se pressent dans leurs lits
_______________où le silence rit

_______________ici et ailleurs
_______________les enfants ont grandi
_______________ils sont partis plus loin
_______________peigner leurs cœurs de laine





(Peinture : Famille avec deux enfants / Emil Nolde)

dimanche 5 février 2012

Pour Maïté

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__________le beau Georges ... bien plus beau que Clooney









"C'est une chanson pour les enfants qui naissent et qui vivent
entre l'acier et le bitume, entre le béton et l'asphalte,
Et qui ne sauront peut-être jamais
Que la terre était un jardin."

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samedi 4 février 2012

Sans le jardin

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__________Sans le jardin
__________sa tête aurait repris ses migraines
__________pour s’installer dans le néant

__________Il est sa semence de gaité
__________son ruban de soie et de vérité
__________son ami fidèle pour cacher ses mots
__________ses amours secrets


__________Sans le jardin
__________il n’y aurait plus de saisons
__________mais un temps de l’ombre qui vrille
__________et se biaise dans sa tempe en colimaçon

__________Il est de tous les instants
__________un massif - un ange - un arbre feuillu - une fleur reçue
__________une main de terre qui se tend --- qui se tend

____________________________________________une main tendue
____________________________________________un témoin élu

____________________________________________un jardin feuillu





(Peinture : Verdure en Cévennes / Jacques Truphémus)

vendredi 3 février 2012

Pour l'Anonyme anonyme

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" Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d’or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor ! "

A. Rimbaud

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jeudi 2 février 2012

Couture

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__________Coudre la lumière aux ourlets du frisson
__________s’accrocher aux fibres ténues des passions
__________et tisser la vie à grands coups d’ambition

__________Se glisser en silence dans les couloirs du temps

__________secouer les esprits qui s’endorment insouciants
__________et couper les cheveux des poètes de sept ans

__________Raccommoder les jours déchirés par les brumes

__________broder les soleils sur les plumes du vent
__________rapiécer les étoiles sous la lune encore brune

__________Faufiler à grands traits les neiges éternelles

__________laver les paupières de nos cœurs en dentelles
__________douce consolation est ce souffle matriciel




(Peinture : L'Or du temps (détail) / maria-d)